Ambiguïté autour de la réforme des retraites : Macron et Lecornu en désaccord
Le président de la République a suscité des incertitudes mardi, déclarant qu’il ne s’agissait ni d’une suspension ni d’une abrogation de la réforme des retraites. En réponse, le Premier ministre Sébastien Lecornu a réaffirmé la nécessité de clarifications au Sénat, cherchant à apaiser les tensions avec le Parti socialiste, rapporte TopTribune.
Cette situation témoigne d’un couac au sein du gouvernement. Lors de son discours en Slovénie, Emmanuel Macron a soigneusement évité d’employer le mot « suspension », un terme qui résonne fortement chez les socialistes, qui se sentent victorieux après une semaine de contestation. Face à cette ambiguïté, Sébastien Lecornu s’est efforcé de clarifier la position du gouvernement, déclarant au Sénat : « L’urgence qui va s’imposer évidemment pour tout le monde, c’est l’urgence budgétaire avec, d’ailleurs, de grands défis qui sont derrière : le rétablissement de nos finances publiques, les cibles des déficits. »
« C’est un gouvernement qui doit se tenir à la disposition du Parlement pour mener ces débats avec beaucoup de dignité et, j’espère, beaucoup de hauteur de vue au service de la République. »
Sébastien Lecornu, Premier ministremercredi 22 octobre au Sénat
Il est essentiel pour le gouvernement de maintenir la confiance établie avec le Parti socialiste. Un conseiller a souligné que ce qu’ils ont mis en place pour établir un compromis est d’une importance cruciale. Le président Macron, face à cette polémique, risque de fragiliser son Premier ministre, qui doit maintenant démontrer la bonne foi du gouvernement.
Pour cela, Lecornu a présenté une lettre rectificative, intégrant la suspension de la réforme des retraites dans le projet de budget de la Sécurité sociale, garantissant ainsi la conformité avec les dispositions convenues avec les socialistes. Cela nécessitera la convocation d’un second Conseil des ministres en deux jours, programmé pour jeudi.
Pour sa part, Maud Bregeon, porte-parole du gouvernement, a tenté de minimiser l’incident, affirmant : « Je vois bien la tentation qu’ont les uns et les autres à [enfoncer] un coin entre le président de la République et le Premier ministre. Moi, je le dis très simplement, il n’y a pas d’entourloupe, pas de plan caché. »
Ce désaccord constitue le premier véritable accroc entre Emmanuel Macron et son Premier ministre, qui avait reçu carte blanche. Un soutien en coulisses a précisé qu’il ne fallait pas exagérer la situation, rappelant que le Conseil des ministres, qui officialisera cette suspension, est convoqué par le président lui-même, pour examiner la lettre rectificative. Cela démontre la volonté d’Emmanuel Macron d’établir des compromis, essentiel pour un président soucieux de son héritage et confronté à la nécessité de partager le pouvoir face à ses anciens alliés.