Démarrage du chantier de dépollution des calanques de Marseille
Entre les Goudes et Callelongue, dans le 8e arrondissement de Marseille, le chantier de dépollution des calanques a officiellement débuté le 15 septembre. Ce projet ambitieux vise à traiter des sols contaminés par des métaux lourds, notamment de l’arsenic et du plomb, accumulés à la suite de l’héritage industriel de la région. Ce processus, qui s’inscrit dans un budget de 14 millions d’euros, est crucial pour protéger la santé publique et restaurer cet environnement naturel, rapporte TopTribune.
Cette zone, prisée par des milliers de touristes, a été historiquement un centre d’activité métallurgique et chimique. Depuis le XIXe siècle, des résidus polluants, dont des scories, ont été dispersés sur le territoire, notamment utilisés comme remblais pour les routes et les parkings, comme le souligne Mélody Gros, cheffe de projets à l’Ademe, responsable du chantier depuis 2012.
Le risque lié à l’exposition prolongée à ces contaminants est particulièrement préoccupant pour les enfants et les femmes enceintes. L’Institut de veille sanitaire (INVS) avait déjà alerté en 2005 sur les dangers potentiels de l’arsenic et du plomb dans des lieux tels que la plage de Saména. Les enfants, souvent en contact direct avec ces résidus, pourraient faire face à des risques d’empoisonnement, un risque accentué par des phénomènes climatiques tels que le vent et les fortes pluies qui dispersent davantage ces substances nocives.
Deux phases de dépollution
Le chantier de dépollution s’étalera sur plusieurs années. La première phase se concentre sur la sécurisation de sept dépôts entre Saména et la calanque des Trous, prévue jusqu’en mars 2026. Par la suite, de septembre 2026 à mars 2027, treize autres sites situés des Goudes à Callelongue seront également traités. Au total, il est prévu de s’attaquer à 20 dépôts sur les 77 identifiés dans la région.
Cependant, chaque lieu nécessitera une approche adaptée, comme l’explique Gros, qui mentionne deux scénarios possibles : soit l’évacuation des résidus vers des centres de traitement, soit leur confinement in situ. Pour les débuts de la dépollution, 2.500 tonnes de déchets seront enlevées au cours de cette première année.
Mesures de sécurité renforcées
Les riverains peuvent s’attendre à des nuisances dans leur quotidien, avec des opérations souvent menées entre 8 heures et 18 heures, du lundi au vendredi. Afin de minimiser les impacts sanitaires, des mesures précautionneuses ont été mises en place. Celles-ci incluent la brumisation des zones où les machines interviennent, la protection pour prévenir les déversements accidentels en mer, ainsi que des aspirateurs dotés de filtres performants. Une tente de confinement sur le site permettra également de gérer les déchets en toute sécurité, comme l’expose Jérémy Durand, de la société Antea Group, maître d’œuvre désigné par l’Ademe.
La surveillance de ce chantier a été accentuée, avec l’installation de capteurs pour détecter les particules PM2,5 et PM10. Un système d’alerte a été mis en place pour interrompre les travaux si les niveaux de pollution dépassent les seuils acceptables. Des analyses hebdomadaires par des laboratoires assureront un suivi rigoureux. Cécile Morciano, responsable du service santé environnement à l’ARS Paca, a rassuré les habitants en affirmant qu’aucune plombémie anormale n’avait été détectée au cours des dix dernières années dans la région.
Les riverains craignent également des désagréments liés à la logistique du chantier, déjà perçue comme complexe dans une zone à accès limité. La circulation des camions et des engins pourrait amplifier la congestion sur les routes, entraînant une réduction des places de stationnement. Les comités de quartier appellent à une mise à jour régulière des informations concernant l’avancée du chantier et ses implications locales. Le premier coup de pelle marquant le début de la dépollution officielle est attendu avec impatience par la communauté locale.
Ce projet de dépollution s’inscrit dans une nécessité croissante de protéger les environnements naturels tout en considérant les impacts sur les populations locales et la biodiversité. Il marque une étape significative dans l’engagement de la France à améliorer la qualité de ses espaces naturels menacés par l’activité humaine.