Mercredi, 133 cardinaux électeurs vont entrer dans la chapelle Sixtine pour décider du nom du 267e successeur de Saint-Pierre à la tête de l’Eglise catholique, plus de deux semaines après la mort du pape François.
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Ils n’ont que quelques jours pour trouver un successeur au pape François. Cent trente-trois cardinaux électeurs vont se réunir dans le plus grand secret, mercredi 7 mai, sous les fresques majestueuses de la chapelle Sixtine dans le cadre du conclave, qui ne prendra fin qu’une fois le 267ᵉ souverain pontife élu. Franceinfo résume tout ce qu’il faut savoir sur cet événement fondamental pour l’Eglise catholique.
1Que s’est-il passé les jours qui ont précédé le conclave ?
Avant même le début du conclave, les tractations ont déjà commencé au Vatican. Arrivés à Rome après la mort du pape François, les cardinaux se sont réunis, entre le 22 avril et le 6 mai inclus (à l’exception des 1er et 4 mai), en congrégations générales. Bien moins connues que le cérémonial qui entoure le conclave, ces réunions préparatoires privées ont permis à chacun de se rencontrer et d’échanger. Elles étaient ouvertes à tous les cardinaux, y compris ceux qui n’ont plus le droit de participer au conclave.
L’autre rendez-vous important s’est tenu lundi 5 mai : tous ceux qui doivent assister au déroulement du vote, laïcs compris (médecins, chauffeurs, cuisiniers, personnel de sécurité et de nettoyage), ont prêté serment de garder le secret, depuis la chapelle Pauline du palais apostolique.
2Quand et où se déroule le conclave ?
Le conclave doit toujours débuter entre 15 et 20 jours après le début officiel de la période de sede vacante, période de vacance du Siège, selon la constitution apostolique. Lors d’une congrégation générale la semaine passée, les cardinaux ont décidé de débuter le conclave précisément le 7 mai. Ce jour-là, les cardinaux vont donc participer, dès 10 heures (heure locale), à une messe célébrée dans la basilique Saint-Pierre. A 16h15, ils se retrouveront à la chapelle Pauline du palais apostolique et entameront une procession vers la chapelle Sixtine, fermée depuis le 28 avril et jusqu’à l’élection. Après le dernier chant liturgique, ils prononceront le serment de respecter les règles du conclave et de garder le secret absolu.
Lorsque le dernier des cardinaux électeurs aura prêté serment, le maître des célébrations liturgiques annoncera l’extra omnes, qui signifie « dehors tous ! ».Tous ceux qui ne sont pas électeurs quitteront la chapelle et les portes se refermeront. Puis le doyen du collège des cardinaux, le cardinal Giovanni Battista Re, soumettra au collège des électeurs la question de savoir si l’élection peut avoir lieu, détaille Vatican News.
3Qui vote pour élire le nouveau pape ?
L’Eglise compte 252 cardinaux à travers le monde, mais l’âge limite pour faire partie des cardinaux électeurs, c’est-à-dire ceux qui peuvent se prononcer lors du conclave (et donc aussi être élus), est fixé à 80 ans. De quoi en éliminer une bonne partie : le Vatican a publié dans un premier temps une liste de 135 noms.
Mais deux d’entre eux manqueront le conclave pour « des raisons de santé », a précisé mardi le directeur du service de presse du Vatican. L’absence de ces deux cardinaux, Antonio Canizares Llovera, archevêque émérite de Valence, et John Njue, archevêque émérite de Nairobi, ramène le chiffre des cardinaux électeurs à 133. Il s’agit d’un record : il y en avait seulement 115 lors du scrutin de 2013. La majorité va découvrir le fonctionnement très ritualisé du conclave, puisque deux tiers d’entre eux ont été nommés par François au cours de son pontificat, entre 2013 et 2025.
4Quelles sont les règles de confidentialité imposées aux cardinaux ?
Du latin cum (avec) et clave (clé), littéralement « fermé à clé », le conclave doit se dérouler dans le plus grand secret, sous peine d’excommunication. Les cardinaux électeurs n’ont ainsi pas le droit, durant cette période, d’utiliser leur téléphone ou d’envoyer du courrier. Ils ne peuvent ni regarder la télévision, ni lire le journal, ni recourir à aucun autre moyen de communication ou d’information, selon les explications de la Conférence des évêques de France.
Un périmètre est également mis en place afin que les cardinaux électeurs ne puissent être approchés par personne, notamment pendant leurs déplacements entre la résidence Sainte-Marthe, où ils demeurent le temps du conclave, et la chapelle Sixtine, où le vote se déroule.
5Qui sont les Français qui vont participer à ce scrutin ?
Cinq Français font partie des électeurs du nouveau pape, soit un de plus que lors du dernier conclave. On retrouve ainsi Jean-Marc Aveline, archevêque de Marseille et nouveau président de la Conférence des évêques de France, mais aussi Philippe Barbarin, archevêque émérite de Lyon devenu le symbole des silences de l’Eglise face à la pédocriminalité, avant d’être relaxé en appel en 2020. Sont également présents François Bustillo, évêque d’Ajaccio, Dominique Mamberti, qui dirige le Tribunal suprême de la Signature apostolique et sera chargé de prononcer la célèbre formule Habemus papam annonçant l’élection du pape, ainsi que Christophe Pierre, ambassadeur du Saint-Siège aux Etats-Unis.
Jean-Paul Vesco, archevêque d’Alger à la double nationalité franco-algérienne, participera aussi au vote, mais n’est pas comptabilisé parmi les cardinaux français par le Vatican.
6Qui sont les mieux placés pour devenir pape ?
Les listes de papabili (mot italien désignant les favoris) ont rapidement vu le jour après l’annonce du décès du pape François, de quoi affoler les bookmakers. Mais le jeu des pronostics est pour le moins risqué, compte tenu de la multitude de facteurs à prendre en compte et du caractère secret des intentions de chacun.
Il est tout de même possible, sans trop s’avancer, de mentionner que le nom de Pietro Parolin, numéro deux du Vatican, revient régulièrement dans les pronostics, tout comme celui du Français Jean-Marc Aveline. L’archevêque de Bologne, le cardinal Matteo Maria Zuppi, est, lui aussi, bien placé dans les différents classements, tout comme le cardinal ghanéen Peter Turkson et le Hongrois Peter Erdő. Le principal candidat asiatique pour la papauté, l’ancien archevêque de Manille Luis Antonio Tagle, fait lui aussi figure de favori.
7 Que se passe-t-il si les cardinaux tardent à s’accorder sur un nom ?
Les cardinaux électeurs votent chacun à leur tour. L’après-midi du premier jour, ils votent une fois. Si l’élection n’a pas lieu à l’issue de ce premier vote, le rituel se poursuit les jours suivants à un rythme de deux votes le matin, deux autres l’après-midi. Pour élire le pape, la majorité des deux tiers des électeurs présents est indispensable, soit, cette fois, 89 voix. Les cardinaux ne sont pas autorisés à voter pour eux-mêmes. A l’issue du scrutin, les bulletins sont brûlés deux fois par jour. Si aucune majorité ne s’est dégagée, la fumée qui sort de la cheminée est rendue noire et on recommence le vote.
Si, au bout des quatre premiers jours, aucun nom ne ressort, les votes sont suspendus pour une journée consacrée à la prière et aux échanges entre électeurs, explique la Conférence des évêques de France. Les votes reprennent le lendemain pour sept scrutins maximum, répartis sur deux jours. Cette séquence peut être répétée encore deux fois. Si le nouveau pape n’est toujours pas trouvé, seuls les deux noms ayant obtenu le plus grand nombre de voix au scrutin précédent deviennent alors éligibles. L’un des deux noms doit obtenirdeux tiers des votes pour que l’élection soit validée.
Au XIIIe siècle, il a fallu près de trois ans pour désigner le pape Grégoire X, le record absolu à ce jour. Du fait des modifications de la Constitution apostolique, ce scénario ne pourrait cependant plus se produire aujourd’hui. Sur les dix dernières élections, aucune n’a nécessité plus de quatre jours de conclave, souligne ainsi le média catholique Aleteia. En 2013, lorsque le choix s’est porté sur Jorge Mario Bergoglio, seulement deux jours et cinq tours de scrutin ont été nécessaires.
8Comment va être annoncé le résultat du conclave ?
Une fois que les électeurs se sont accordés, la sonnette retentit ainsi que des applaudissements, rapporte La Vie. Est alors demandé à l’élu son consentement à la tâche : « Acceptez-vous votre élection canonique comme souverain pontife ? » S’il accepte, il lui est aussi demandé : « De quel nom voulez-vous être appelé ? »
Une fumée blanche émane alors du conduit de cheminée de la chapelle Sixtine, filmée par les caméras du monde entier.
Le sede vacante prend alors fin. La grande cloche de la basilique Saint-Pierre retentit et l’expression Habemus papam (« Nous avons un pape » en latin) est prononcée depuis le balcon central de l’édifice par le cardinal le plus ancien en poste. C’est le cardinal Dominique Mamberti qui aura l’honneur d’annoncer la nouvelle aux fidèles. A l’époque de la nomination du pape François, en 2013, c’était déjà un Français, le cardinal Jean-Louis Tauran, qui avait annoncé l’élection du pape argentin. Le nouveau pape prononce alors sa première bénédiction apostolique depuis ce même balcon.