Sommet de l’Organisation de coopération de Shanghai : rapprochement stratégique entre l’Inde, la Russie et la Chine
Les présidents russe, chinois et indien ont tenu une rencontre avec de nombreux chefs d’État asiatiques lors d’un sommet de l’Organisation de coopération de Shanghai à Tianjin, en Chine, marquant un tournant diplomatique dans un contexte de tensions internationales, rapporte TopTribune.
Cet événement, qui s’est déroulé les 31 août et 1er septembre derniers, est perçu comme un signe fort de la volonté d’établir des relations amicales parmi ces grandes puissances, un développement impensable il y a peu. Didier Chaudet, géopolitologue associé à l’Observatoire de la Nouvelle Eurasie, souligne que ce sommet est le résultat de mois de travail diplomatique de la Russie pour rapprocher les pays malgré leurs divergences, notamment concernant la nouvelle route de la soie et des enjeux territoriaux. Il rappelle aussi que « il ne peut pas y avoir deux tigres dans la même montagne ».
Ce changement d’attitude de l’Inde, historiquement proche des États-Unis, découle des dynamiques géopolitiques créées par l’administration Trump. Les relations du pays avec Washington se sont détériorées, notamment en raison de l’absence de soutien américain lors de la dernière crise entre l’Inde et le Pakistan et des tarifs douaniers imposés par les États-Unis. L’Inde, en tournant le dos à Téhéran pour privilégier sa coopération avec les États-Unis, s’est aussi dépouillée d’un allié régional, une décision qui se révèle désormais complexe dans le contexte actuel de coopération entre New Delhi et Pékin.
La réunion a également révélé comment l’intégration de l’Inde et du Pakistan, qui avait précédemment fragilisé l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS), pourrait évoluer. Suite aux incertitudes instaurées par la politique américaine, l’Inde semble réévaluer son alignement sur l’Occident et envisager un rééquilibrage. Dans ce cadre, la Russie a réussi à s’imposer comme un médiateur efficace, tandis que la Chine a présenté une image de bonne volonté, allant jusqu’à condamner une attaque terroriste au Cachemire.
Cette dynamique est perçue comme un succès pour Moscou et Pékin, les deux pays ayant réussi à rapprocher symboliquement l’Inde et la Chine. La Chine, par ailleurs, avance son projet de banque de développement de l’OCS, qui vise à promouvoir le multilatéralisme et à diminuer la dépendance au dollar, tandis que l’Inde utilise cette plateforme pour exprimer son mécontentement envers l’Occident, renouant avec une tradition de non-alignement.
Toutefois, la figure de Trump plane sur ces discussions, agissant comme un ennemi commun pour de nombreux pays présents. Chaque nation se sentant agressée à divers niveaux par Washington, renforçant ainsi la logique d’une nouvelle « guerre froide » contre la Chine. Les critiques de la politique américaine se font entendre, notamment du côté russe, qui, en raison du conflit en Ukraine, cherche à se constituer une communauté eurasiatique attentive à ses préoccupations.
Concernant le conflit en Ukraine, l’impact de ces alliances sera indirect. Les Chinois, tout en maintenant une position de proximité avec Moscou, ne soutiennent pas pour autant l’usage de la force, qui vient perturber l’équilibre mondial. Les Russes, de leur côté, sentent que ces forums leur permettent de diminuer leur isolement.
Enfin, bien que des coopérations puissent être envisagées dans certains domaines économiques, une alliance militaire entre ces puissances semble peu probable. La complexité des relations internationales et les critiques de la politique russe en Ukraine rendent difficile un rapprochement militaire entre Pékin et New Delhi.
