Smartphones et risques de cancer : faut-il vraiment s'en préoccuper ?

Smartphones et risques de cancer : faut-il vraiment s’en préoccuper ?

26.11.2025 12:26
4 min de lecture

Dans son rapport publié le 26 novembre 2025, l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) a écarté tout lien prouvé entre l’utilisation des smartphones et l’apparition de cancers. L’organisme exhorte néanmoins les utilisateurs à suivre quelques recommandations simples afin de réduire leur exposition, en particulier pour les plus jeunes, rapporte TopTribune.

Pourquoi vous pouvez utiliser votre smartphone sans crainte excessive

L’Anses a récemment mis à jour son évaluation concernant les radiofréquences émises par les téléphones mobiles et leur impact potentiel sur la santé. Cette analyse se base sur un vaste éventail d’études, dont environ 250 ont été sélectionnées pour leur robustesse. Ces études incluent des recherches épidémiologiques sur des sujets humains, des expérimentations animales et des analyses cellulaires.

Le constat général est sans ambiguïté : les données actuelles ne permettent pas d’établir un lien de cause à effet entre l’utilisation des smartphones et le développement de cancers. Les types de tumeurs examinées comprennent notamment les gliomes, les méningiomes et les tumeurs du nerf auditif — ceux qui sont souvent cités lorsque l’on aborde la question des ondes électromagnétiques. Aucune tendance cohérente n’a été observée, même dans des études s’étalant sur de longues périodes.

Pour saisir l’importance de ce constat, l’Anses souligne que les radiofréquences utilisées en téléphonie mobile sont classées parmi les ondes « non ionisantes ». Cela signifie qu’elles ne possèdent pas l’énergie nécessaire pour altérer directement les liaisons de l’ADN, contrairement aux radiations ionisantes telles que les rayons X ou les UV intenses. Ce facteur technique est crucial dans l’analyse des risques.

Pour le consommateur, cette conclusion signifie qu’un usage normal — pour passer des appels, naviguer sur internet ou envoyer des messages — ne représente pas de risque sanitaire avéré à ce jour. Dans un contexte où presque 98 % des adolescents de plus de 12 ans utilisent un smartphone, cette clarification contribue à une approche plus rassurante d’un sujet souvent traité de manière alarmante.

Ce que l’Anses recommande vraiment pour réduire votre exposition

Bien que le rapport ne révèle pas de danger constitué, l’Anses recommande de suivre quelques réflexes simples pour réduire l’exposition aux radiofréquences. Ces conseils ne reflètent pas une inquiétude, mais instaurent un principe de précaution raisonnable.

Première recommandation : maintenir une distance entre le téléphone et la tête lors des conversations. L’utilisation d’un kit mains-libres ou du haut-parleur réduit de manière significative l’exposition. Il est également conseillé de limiter les appels prolongés lorsque le réseau est faible. En effet, lorsque la réception est médiocre, le téléphone augmente sa puissance d’émission pour conserver la communication. Enfin, il convient de ne pas porter l’appareil directement contre le corps pendant de longues périodes, par exemple dans une poche étroite ou contre le torse.

Ces recommandations sont d’autant plus faciles à appliquer qu’elles n’altèrent pas le confort d’utilisation. Il ne s’agit pas de restreindre l’usage du numérique, mais simplement d’adopter quelques gestes permettant de minimiser l’exposition en cas de niveaux plus élevés.

L’Anses indique également que certaines études expérimentales montrent des effets biologiques transitoires sur des cellules exposées à des niveaux élevés de radiofréquences. Bien que ces phénomènes ne provoquent pas de cancers dans les modèles expérimentaux étudiés, ils justifient une approche prudente tant que les mécanismes sous-jacents ne sont pas entièrement compris.

Enfants, ados, gros utilisateurs : êtes-vous concernés par les précautions recommandées ?

Le rapport appelle à une vigilance accrue envers certaines catégories d’utilisateurs.

Les enfants et les adolescents sont en premier lieu concernés, car leur corps est en développement. Leur exposition potentielle sur toute leur vie sera également plus longue que celle des adultes, ce qui conduit l’Anses à recommander de réduire la durée des appels, de favoriser les usages à distance et d’éviter que le téléphone soit appliqué trop près du corps, notamment pendant la nuit.

Les gros utilisateurs, comme les professionnels engagés dans de longues conversations ou les personnes qui utilisent le téléphone comme principal outil quotidien, sont également à surveiller. Bien que les données ne montrent pas de sur-risque pour ces groupes, leur exposition cumulée mérite d’être suivie. Le rapport insiste sur la nécessité de continuer les études à long terme, car certains effets peuvent ne se manifester qu’après plusieurs décennies.

Enfin, les utilisateurs qui portent leur téléphone contre leur corps doivent être conscients d’un détail souvent négligé : lors de tests antérieurs, certains modèles ont dépassé les limites réglementaires du DAS — le débit d’absorption spécifique, qui est limité à 2 W/kg pour la tête et le tronc, et à 4 W/kg pour les membres — lorsqu’ils sont portés en contact direct avec le corps. Bien que cela ne concerne pas l’utilisation à la main, cela justifie de ne pas porter le téléphone contre le corps lors d’expositions prolongées.

Ce que ce rapport change pour le marché, les fabricants et vos futurs appareils

Les conclusions de l’Anses ne s’adressent pas uniquement au grand public, elles ont également un impact sur les stratégies des fabricants, des opérateurs et des régulateurs.

Pour les constructeurs, cette expertise valide les normes actuelles — notamment celles concernant le DAS — tout en les encourageant à plus de transparence sur les niveaux d’émission, les conditions de mesure réelles et les paramètres influençant l’exposition. Certains fabricants pourraient intégrer de nouveaux outils d’information ou optimiser les modes d’émission.

Pour les opérateurs, la qualité du réseau devient une question de santé publique autant qu’un service commercial. Un réseau stable réduit la puissance d’émission des appareils : améliorer la couverture territoriale contribue donc mécaniquement à diminuer l’exposition globale.

Pour les autorités publiques, ce rapport stabilise le cadre réglementaire sans nécessiter immédiatement un renforcement. Toutefois, il souligne la nécessité d’un suivi continu et de l’adaptation des évaluations au fur et à mesure de l’évolution des technologies (5G, objets connectés, futurs réseaux).

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