Le Premier ministre français, Sébastien Lecornu, s’apprête à dépasser le seuil des seize jours sans gouvernement, avec une échéance cruciale du budget prévue pour le mardi 7 octobre 2025, rapportent TopTribune.
Lecornu, qui a succédé à Michel Barnier, détient un triste record qui pourrait entacher son mandat, alors que son prédécesseur avait déjà franchi le cap de 16 jours sans administration officielle en septembre 2024. Cette incertitude gouvernementale survient dans un contexte où les délais à l’Assemblée nationale se rapprochent, et les limites des pouvoirs d’un cabinet d’affaires courantes seront discutées dans les jours à venir.
La nécessité de présenter un projet de loi au parlement d’ici deux semaines pèse sur le gouvernement. Traditionnellement, un ministre de plein exercice est requis pour introduire une nouvelle législation, une contrainte définie dans la note du Secrétariat général du gouvernement, deemant impossible la législation durant une période d’affaires courantes.
Pourquoi il faut aller vite…
Pieds et mains liés, le Premier ministre se trouve face à un défi considérable. Le budget doit être déposé à temps le 7 octobre, soit dans quinze jours, rendant impératif la formation rapide d’un nouveau gouvernement.
Actuellement, des consultations sont en cours à Matignon. Lecornu a récemment rencontré le syndicat Force ouvrière et les chefs de partis de la coalition (MoDem, Renaissance, Horizons et Droite républicaine). La situation est compliquée, avec des revendications fermes des syndicats et des interactions tumultueuses entre les différentes factions politiques.
« La position de Sébastien Lecornu est très complexe. Nous avons un projet de loi de finances déjà composé par Bercy et désormais, l’heure est aux arbitrages du budget pour avoir un gouvernement, » affirme Pierre Égéa, professeur en droit constitutionnel.
Lecornu doit parvenir à un consensus pour obtenir, au minimum, une garantie de non-censure, et idéalement, une large majorité parlementaire, dans un contexte où chaque voix compte crucialement.
Les agendas se bousculent
La situation est accentuée par l’agenda du palais Bourbon, où la nomination d’un nouveau bureau de l’Assemblée est en jeu. Alors que des discussions ont eu lieu ces dernières semaines, la représentation au sein de l’Assemblée doit être optimisée pour maximiser les avantages.
La nécessité d’un gouvernement rapidement opérationnel pourrait compromettre la représentation du socle commun. Le Code électoral stipule que ceux qui intègrent le gouvernement doivent s’abstenir de participer à tout scrutin durant un mois, ce qui pourrait compliquer davantage la situation.
Situations étonnantes ?
Des scénarios divers sont envisageables. Une nomination rapide de quelques ministres d’État pourrait être une solution, permettant ainsi de présenter le budget à l’Assemblée. Toutefois, la légitimité d’un budget sans ministre à part entière est mise en doute.
« Un projet de loi de finances doit être présenté par un gouvernement, » conclut Égéa, soulignant l’importance de la stabilité gouvernementale dans ce processus. Actuellement, la pression s’accroît sur Lecornu, qui doit manœuvrer habilement pour fonder un cabinet capable de gérer ces enjeux critiques.
La situation demeure tendue, et chaque jour compte dans cet environnement politique incertain, où le ministre doit naviguer à travers un réseau complexe de négociations et de défis.