Sébastien Lecornu, Premier ministre le plus faible de la Ve République selon les experts

Sébastien Lecornu, Premier ministre le plus faible de la Ve République selon les experts

30.09.2025 12:14
2 min de lecture

Lors de sa rencontre avec les syndicats le 24 septembre 2025, Sébastien Lecornu a reconnu qu’il était le Premier ministre le plus faible de la Ve République. Bien qu’il semble vouloir exagérer cette idée pour apaiser ses interlocuteurs, sa situation est réellement délicate, étant donné l’absence de majorité. Il doit rapidement composer son gouvernement avant le 7 octobre, date butoir pour le dépôt du budget, rapporte TopTribune.

« Premier ministre, c’est un poste qui ne se refuse pas, mais c’est aussi le pire job de la République », déclare Ludovic Renard, politologue et enseignant à Sciences Po Bordeaux.

Depuis sa nomination le 9 septembre, Sébastien Lecornu engage un dialogue avec les groupes d’opposition, notamment le parti socialiste, en vue d’éviter une censure imminente. Les partis se projettent déjà vers l’élection présidentielle de 2027 et s’avèrent réticents à faire des concessions idéologiques, ce qui complique davantage sa position.

Une équation quasi impossible

« C’est la première fois qu’on demande à un Premier ministre de s’assurer avant même la nomination de son gouvernement qu’il ne tombe pas », souligne Ludovic Renard. Alors qu’il devrait unifier son propre camp politique, il doit relever un défi de taille. Avec les élections municipales de 2026 en ligne de mire, il lui est demandé de trouver un accord politique acceptable malgré une majorité absente, ce qui constitue une « équation quasiment impossible ».

L’évolution du rôle du Premier ministre en France a dévié de l’esprit initial de la Ve République au fil des années. Dans une conférence de presse de janvier 1964, le Général de Gaulle affirmait que le Premier ministre ne devait pas être en même temps que le Président. Toutefois, cette distinction s’est estompée, surtout depuis l’introduction du quinquennat, lorsqu’on élit le parlement au même moment que le Président.

Élisabeth Borne et Gabriel Attal possédaient pourtant des majorités parlementaires mais n’ont pas pu mener à bien toutes leurs réformes, ayant eu recours au 49.3 pour éviter le blocage. Quel sera alors le niveau d’action de Sébastien Lecornu ?

Quelle carte à jouer pour Lecornu, fidèle macroniste ?

La meilleure chance de Lecornu réside dans le fait que le parti socialiste ne souhaite pas s’associer aux éléments les plus radicaux de la gauche. Cela crée un léger espace pour négocier. « Il est fidèle aux fidèles, et dispose d’une liberté d’action que François Bayrou n’avait pas », souligne le politologue. Toutefois, sa proximité avec Emmanuel Macron nécessite qu’il montre un changement par rapport aux précédentes réformes, telles que celles des retraites.

Pour son projet de loi de financement, Lecornu devra proposer des mesures alignées avec les attentes du PS tout en faisant des concessions pour gagner la neutralité du RN.

Un nouveau rôle pour le Premier ministre ?

« Si cela fonctionne, peut-être que cela donnera un nouveau sens à la fonction de Premier ministre, avec un président relégué à la sphère internationale », avance un spécialiste. Ce changement nécessiterait un Président en retrait afin de permettre au Premier ministre de créer une majorité de gouvernement.

Si réussi, cette dynamique pourrait entériner la mission du Premier ministre de rechercher des coalitions politiques. Néanmoins, la présence d’Emmanuel Macron, considéré comme un « omniprésident », complique considérablement cette tâche, car toute tentative pourrait échouer si l’on a l’impression qu’il dirige les opérations depuis l’ombre.

Toutefois, avant d’évoluer vers un nouveau modèle, Lecornu doit d’abord établir un climat de confiance pour éviter d’être censuré dès la première opportunité.

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