Le Parti socialiste face à un nouveau défi politique
Le Parti socialiste (PS) se trouve à nouveau au centre de l’arène politique française. Suite à la chute de François Bayrou et à l’arrivée de Sébastien Lecornu à Matignon le 9 septembre, le gouvernement a les yeux rivés sur les socialistes dirigés par Olivier Faure. Malgré un effectif modeste de 66 députés à l’Assemblée nationale, le PS se positionne pour potentiellement sauver le nouveau Premier ministre d’une censure, rapporte TopTribune.
À la fin août, le sort de François Bayrou fut scellé lorsque le PS a décidé de voter contre la confiance demandée par le Premier ministre. Olivier Faure, conscient de l’importance d’éviter une opposition unie contre le nouveau chef du gouvernement, sait que le PS pourrait jouer un rôle clé. La France insoumise prône la destitution d’Emmanuel Macron et la censure immédiate de Sébastien Lecornu, tandis que le Rassemblement national menace de voter la censure sans une rupture claire avec la politique actuelle.
Le PS, se jugeant en position de force, a formulé plusieurs exigences. Selon Boris Vallaud, le patron des députés socialistes, les socialistes attendent des actes concrets plutôt que des promesses. Parmi les demandes figurent un changement de cap en matière budgétaire et fiscale, incluant l’introduction d’une taxe sur les plus hauts patrimoines, ainsi que la remise en question de la réforme des retraites de 2023.
Mercredi, Olivier Faure a également exigé un engagement de Sébastien Lecornu à ne pas recourir à l’article 49.3 de la Constitution, lequel permet d’adopter un texte sans vote à l’Assemblée nationale. Cela témoigne d’un besoin de changement dans la méthode de gouvernance. Rachid Temal, sénateur socialiste, résume la situation : “Si Emmanuel Macron veut terminer son mandat, il faut que Sébastien Lecornu fasse adopter le budget, et pour cela, il doit rompre avec le macronisme.”
“Pour ne pas que Sébastien Lecornu soit censuré, les socialistes ne sont pas essentiels, mais vitaux.”
Rachid Temal, sénateur socialisteà franceinfo
Les responsables socialistes indiquent qu’ils ne signeront pas un accord de non-censure sans que leurs revendications soient largement prises en compte. Des accords similaires ont été conclus par le passé sans gain notable, et cette fois, les socialistes prévoient de rendre l’accord coûteux pour le gouvernement. “Un accord avec nous sera super cher”, prévient Philippe Brun, député PS de l’Eure. Si Lecornu n’abandonne pas ses dogmes, “il finira crucifié”, avertit un autre représentant du PS.
Pourtant, dans le cadre de leur échange, Olivier Faure a été contacté par le nouveau Premier ministre, suivi d’une rencontre avec différents responsables du centre et de la droite. Bien qu’une rencontre entre Lecornu et les cadres du PS soit en cours d’organisation, la date reste à confirmer, selon Boris Vallaud.
Des membres du PS commencent déjà à préparer le terrain pour des négociations concrètes. Patrick Kanner, chef des sénateurs PS, déclare : “Si on sent une porte ouverte sérieuse, on est prêts à aller à une table de dialogue.” En réponse, le bloc présidentiel semble conscient des nécessités de concessions : “Il va falloir faire des compromis avec les socialistes, c’est la seule façon d’avoir la stabilité”, a affirmé Hervé Marseille, président du groupe Union centriste.
La méfiance demeure néanmoins palpable des deux côtés. Un cadre du bloc présidentiel confie : “On a la sensation de traiter avec des gens qui reculent et avancent en permanence.” Pour la sénatrice Corinne Narassiguin, le PS ne cherche pas à passer des accords sur des mesures isolées après avoir été déçu dans le passé.
“Bien sûr, nous sommes très circonspects et bien conscients du petit jeu des rumeurs et des intox.”
Corinne Narassiguin, sénatrice PSà franceinfo
Le PS continue par ailleurs de préparer un plan de dissolution, une éventualité après une nouvelle chute du gouvernement. Pierre Jouvet, le secrétaire général, avait évoqué en juillet l’élaboration d’un “plan dissolution” pour être prêt à des législatives anticipées. Le plan devrait être opérationnel début octobre, période pendant laquelle le PS, unissant ses forces avec d’autres oppositions, pourrait mettre fin prématurément au mandat de Sébastien Lecornu à Matignon.