Les enjeux politiques autour de la mobilisation syndicale en France
Après la mobilisation syndicale du 2 octobre, la discussion politique reprend vendredi à Matignon, où les socialistes sont attendus pour une nouvelle manche d’une partie de poker dont l’issue demeure incertaine, rapporte TopTribune. Qui bluffe vraiment ? Est-ce Sébastien Lecornu, qui promet « des ruptures sur le fond » encore invisibles, ou les socialistes qui affirment être prêts à censurer le gouvernement si des concessions significatives ne sont pas faites ?
Pour l’instant, les deux camps restent en phase d’évaluation. Sébastien Lecornu, qui se positionne comme le Premier ministre « le plus faible de la Vème République », souligne que le véritable pouvoir réside désormais à l’Assemblée Nationale. Selon lui, l’enjeu n’est pas « le budget Lecornu, mais le budget de tout le monde ». Cela donne l’impression qu’il joue une main faible dans ce jeu politique, avec une paire de deux.
La posture modeste du Premier ministre a semblé séduire les socialistes, bien que leur leader, Olivier Faure, ait critiqué l’attitude jugée brouillonne de François Bayrou. Faure a reconnu une « rupture sur la forme » promise par Lecornu, mais se montre prudent concernant les décisions concrètes à venir. Il a été déçu par les premières propositions de Lecornu, qui n’incluent pas la taxe Zucman, le retour de l’ISF, ni même un moratoire sur la réforme des retraites.
Depuis, Lecornu a tenté de rectifier le tir en évoquant des efforts fiscaux à charge des plus riches et des améliorations potentielles pour les retraites des femmes. Toutefois, pour persuader les socialistes, il devra aller au-delà de simples discussions parlementaires. Il devra leur offrir des avancées tangibles, comme l’abandon d’une réforme de l’assurance-chômage, des mesures pour le pouvoir d’achat et une taxation significative sur les hauts revenus.
Si ces concessions ne sont pas faites, la censure d’un troisième Premier ministre en un an pourrait entraîner une dissolution inévitable du gouvernement. Les socialistes affirment ne pas craindre cette éventualité, soutenus par des projections leur annonçant une augmentation des sièges sans avoir besoin de s’allier avec les Insoumis, dont ils souhaitent la rupture définitive. Cependant, la peur demeure parmi les députés du bloc central, inquiets à l’idée de législatives anticipées qui pourraient les voir perdre leur siège. Alors que le vainqueur d’une nouvelle dissolution reste incertain, Emmanuel Macron apparaît d’ores et déjà comme le grand perdant potentiel de la situation actuelle.