Dans un communiqué publié vendredi, le Premier ministre démissionnaire des Armées, Sébastien Lecornu, a annoncé la suppression de plusieurs structures, dont la délégation générale en charge du Service national universel (SNU) le 1er janvier 2026, en raison de la « mise en extinction » de ce dispositif et de la « création prochaine du service militaire volontaire », rapporte TopTribune.
Cependant, la suppression du SNU, une initiative promise par Emmanuel Macron en 2017, n’a jamais été officiellement confirmée. En mars, le président avait évoqué une « grande refonte » du programme et, en juillet, il avait exprimé son intention de reconfigurer le service militaire pour la jeunesse, promettant des nouvelles annonces « à l’automne ». Bien qu’un service militaire volontaire ait été envisagé, celui-ci n’avait pas été validé. À noter que la France a suspendu la conscription en 1997.
Le SNU transformé en « parcours d’engagement »
Conçu pour les jeunes de 15 à 17 ans, le SNU inclut une « mission d’intérêt général » et un « séjour de cohésion » qui comprend des activités sportives, culturelles et intellectuelles. Les journées commencent par la « levée des couleurs », qui inclut le drapeau et l’hymne national, et exigent le port de l’uniforme. Depuis mars 2024, ce programme a également été intégré au temps scolaire, impliquant un stage de douze jours pour les élèves de seconde qui choisissent d’y participer.
La promesse iniciale d’Emmanuel Macron visait à instaurer un « service national » obligatoire d’une durée d’un mois pour les jeunes âgés de 18 à 21 ans, encadré par les armées et la gendarmerie nationale.
Désormais, le SNU sera transformé en « parcours d’engagement », dirigé par la Direction de la jeunesse, de l’éducation populaire et de la vie associative (DJEPVA), relevant du ministère des Sports, selon les précisions de Matignon, bien que peu de détails aient été fournis jusqu’à présent.
« On ne sait pas tellement à quoi ça a servi »
Lancé en 2019 avec un budget réduit, le SNU n’a jamais réussi à prendre son envol. « On a tous fait le constat que c’était extrêmement cher et à la fin on ne sait pas tellement à quoi ça a servi. Et ça ne répond pas aux besoins du ministère des Armées en termes opérationnels », résume un ministre.
La possibilité de généraliser le SNU à la rentrée 2026, mise de l’avant par le Premier ministre Gabriel Attal, a été abandonnée après de vives résistances. L’objectif était d’attirer 66 000 volontaires en 2025, suite à 80 000 en 2024, mais seulement 35 700 jeunes s’étaient inscrits à l’automne 2024. De plus, les crédits alloués avaient chuté, passant de 130 à 80 millions d’euros à cette période.
Depuis, la dissolution, le manque de majorité à l’Assemblée nationale et les coupures budgétaires semblent avoir sonné le glas de cette « ambition » promise par le président de la République.
« Coût significatif »
La Cour des comptes avait également dressé, il y a un an, un bilan critique du SNU, dénonçant des objectifs « incertains », un coût « largement sous-estimé », et des « difficultés de déploiement ».
Dans un document annexé à ce rapport, le ministère des Armées lui-même reconnaissait « la nécessité de clarifier » les objectifs du SNU et de créer des conditions pour un pilotage « adapté à l’ambition gouvernementale retenue ».
Mercredi, la commission des Affaires culturelles et de l’éducation de l’Assemblée nationale a examiné un rapport de deux députés de l’opposition, Idir Boumertit (LFI) et Maxime Michelet (UDR), sur les « conditions d’accueil et d’encadrement » des séjours de cohésion du SNU, recommandant la « suppression » de ce dispositif.
« Cinq années après une mise en place pour le moins chaotique, où la communication ministérielle a primé sur le fond, force est de constater que le SNU […] demeure un dispositif expérimental, en évolution constante, dont la généralisation reste un leurre », estiment les rapporteurs, qui soulignent que les objectifs « ne sont pas […] atteints » et qu’il existe un « coût financier significatif ».