Le 10 juillet 2025, le cabinet de conseil Mercer a relayé les résultats de son enquête annuelle sur les salaires en France. Réalisée auprès de 222 entreprises entre octobre 2024 et mars 2025, cette étude met en exergue une tendance nette à la réduction des budgets d’augmentation dans un contexte économique post-inflationniste, rapporte TopTribune.
Retour à la sélectivité : les entreprises réduisent leurs ambitions
Un des points majeurs de l’étude Mercer est la baisse significative du budget médian dédié aux augmentations générales. En 2025, ce budget s’établit à 2,5 %, contre 4 % l’année précédente. Ce déclin, décrit comme « dramatique » par les analystes, traduit un changement stratégique des entreprises vers un pilotage plus individualisé de la masse salariale.
De plus, l’étude indique que 7 % des entreprises interrogées ont décidé de geler totalement ou partiellement les augmentations salariales, un chiffre inédit depuis 2021. Cette démarche concerne principalement les secteurs souffrant d’une rentabilité en baisse, mais reflète également un rééquilibrage entre logique budgétaire et exigences sociales. « Nous revenons à un schéma d’avant-Covid », expliquent les experts de Mercer, faisant ainsi référence à une période où les revalorisations collectives étaient moins fréquentes et moins générieuses.
Vers une généralisation des augmentations individuelles
Un autre constat marquant est la disparition progressive des augmentations générales, désormais réservées à certains profils. L’étude révèle que les augmentations collectives sont quasi exclusivement attribuées aux non-cadres, affichant une médiane à 0,2 % en 2025, en baisse par rapport à 1 % en 2024. Cette tendance confirme une polarisation croissante des pratiques rémunératoires, où les investissements se concentrent sur les talents jugés essentiels ou performants. En d’autres termes, les augmentations deviennent un outil de gestion différenciée, plutôt qu’un simple instrument d’équité collective.
Cette réorientation budgétaire impacte directement le climat social. Selon les données de Mercer, 21 % des entreprises ont enregistré un procès-verbal de désaccord lors des négociations annuelles obligatoires (NAO), contre 18 % en 2024. Cette augmentation indique un durcissement des relations sociales dans un contexte de stagnation du pouvoir d’achat. Autre signe de tension : seulement 84 % des NAO étaient finalisées à la fin mars 2025, contre 93 % un an auparavant.
Le constat dressé par Mercer est limpide : en 2025, les entreprises françaises reprennent le contrôle de leur politique salariale, après deux années d’augmentations exceptionnelles liées à l’inflation. Ce virage stratégique vers moins de hausses collectives et davantage de différenciation individuelle s’inscrit dans une logique de rationalisation, mais augmente la pression sur le pouvoir d’achat et les relations sociales.
Si le salaire demeure un facteur d’attractivité, son rôle est en mutation : il devient un outil de sélection, plus qu’un indicateur de partage équitable. Cette dynamique mérite une attention particulière dans un marché de l’emploi toujours sous forte tension.