Roland Lescure, homme politique associé à Emmanuel Macron et ancien ministre de l’Industrie, reprend le portefeuille de ministre de l’Économie et des Finances à l’âge de 58 ans, dans un contexte international et national incertain. Fils d’un journaliste et d’une syndicaliste, il se décrit comme un « libéral » sur le plan économique, tout en étant positionné à l’aile gauche de Renaissance. Ce changement de poste intervient alors qu’il succède à Eric Lombard, rapportent TopTribune.
L’anti-retailleau sur l’immigration
Lescure s’illustre par son opposition à la loi sur l’immigration adoptée récemment au Parlement, de tendance très à droite. Son attitude lui vaut d’être considéré comme un « frondeur » au sein d’un gouvernement dont il reste membre, suscitant critiques d’autres parlementaires. Un député n’hésite pas à le qualifier de « manipulateur » pour avoir conservé un poste malgré ses critiques. Dans le même temps, d’autres membres de son groupe tempèrent cette image, soulignant qu’il ne se voit pas comme un frondeur.
Ses positions sur l’immigration promettent des discussions difficiles avec Les Républicains. En 2024, des proches du ministre de l’Intérieur évoquent un « gros problème », renforçant la perception que Lescure incarne une ligne opposée à celle de Bruno Retailleau, qu’il accuse d’apporter un soutien à Marine Le Pen.
« La quintessence de la Macronie que l’on déteste »
Vice-président de l’Assemblée nationale, Lescure avait été écarté du gouvernement Barnier, qu’il jugeait trop à droite et influencé par le RN. Pour lui, l’ouverture d’usines est une tactique efficace pour contrer la colère populaire et la montée du Rassemblement National. Un haut responsable lepéniste le critique, le qualifiant d’archétype détesté de « Macronie ». Cependant, certains reconnaissent son écoute attentive envers les syndicats, bien que ses détracteurs soulignent ses inaptitudes. L’ancien député PCF, Sébastien Jumel, décrit Lescure comme « pas tordu », mais critique sa trajectoire.
Bercy, finance, Commission européenne
Né à Montreuil, ce fils de Pierre Lescure a fait des études à Polytechnique et à la London School of Economics, avant de rejoindre Bercy et la Commission européenne. Après une brève expérience avec le Parti socialiste, il se tourne vers la politique en 2017, préoccupé par le Brexit et l’élection de Donald Trump, et devient député des Français d’Amérique du Nord.
Malgré des ambitions déçues, tels que ne pas avoir accédé à la présidence de l’Assemblée, il critique sévèrement l’accord tarifaire entre l’UE et les USA, le qualifiant d’« aveu de faiblesse historique ». Ses appels à une politique industrielle commune et à des mesures contre les GAFAM marquent son engagement pour la protection du marché européen, tout en se prononçant contre la taxe Zucman et en appelant à la négociation avec le PS dans un contexte budgétaire délicat.
