Les nuages s’accumulent sur la tête des retraités. Alors que la Cour des comptes a récemment recommandé de mettre fin à l’indexation de leurs pensions sur l’inflation, un autre danger, fiscal, les guette. Après le Conseil des prélèvements obligatoires (CPO) – rattaché à la Cour des comptes – en octobre dernier, ce sont les présidents du Conseil d’orientation des retraites (COR), Gilbert Cette, et du Medef, Patrick Martin, qui ont demandé la suppression de l’abattement fiscal de 10% pour les retraités. A la clé, environ 4,5 milliards d’euros d’économies aux dépens des quelque 14,84 millions de ménages qui profitaient de cet avantage en 2024. Une manne qui pourrait logiquement intéresser le gouvernement, ce dernier ayant annoncé dimanche 13 avril, par la voix du ministre de l’Economie et des Finances, Eric Lombard, «un effort supplémentaire de 40 milliards d’euros»pour 2026.
Si les retraités peuvent donc craindre pour leur abattement, ils n’en seront donc pas privés dans l’immédiat. Ce qu’a confirmé à Capital, en marge du lancement de la campagne de la déclaration de revenus 2025, la ministre des Comptes publics Amélie de Montchalin : «Il s’agit d’un sujet de projet de loi de finances pour 2026», la locataire de Bercy renvoyant la balle aux partenaires sociaux, patronat et syndicats – opposés à cette mesure – réunis dans le cadre du “conclave” visant à améliorer la réforme des retraites. Si suppression de l’avantage fiscal des retraités il devait donc y avoir, il devra être voté par le Parlement dans le cadre de l’examen du budget pour 2026, à l’automne prochain, pour une application au plus tôt au 1er janvier 2026.
Un abattement maximum de 4 399 euros en 2025
Pour la déclaration de revenus ouverte depuis le 10 avril, aucun changement donc. Pour rappel, cet abattement fiscal de 10% s’applique aux différentes pensions, retraites et rentes perçues par les contribuables, tout autant qu’aux pensions d’invalidité ou aux pensions alimentaires perçues. L’impôt sur le revenu des retraités est ainsi calculé sur 90% de ces revenus. Cette année, l’abattement de 10% sur le total des pensions ne peut dépasser 4 399 euros par foyer fiscal (un couple de retraités par exemple) ni être inférieur à 450 euros par contribuable, sauf si le total de ses pensions n’atteint pas ce montant. L’avantage fiscal «peut atteindre jusqu’à 1 855 euros par an pour les foyers situés dans la tranche la plus élevée d’imposition (45%, NDLR)», calculait le Conseil des prélèvements obligatoires en octobre 2024.