« Je souhaite, dans un souci de transparence et de cohérence avec mes convictions, exprimer mon désaccord concernant le projet de loi sur la Corse, dans sa version initiale », a déclaré Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur et président des Républicains, lors d’une intervention récente au Conseil des ministres. En effet, Retailleau a déploré que les modifications recommandées par le Conseil d’État, jugées « bénéfiques » selon lui, n’aient pas été intégrées. Ces ajustements visaient à éviter des dérives que pourrait engendrer le texte actuel, lesquelles, à ses yeux, constitueraient un recul des principes républicains. L’avis du Conseil avait notamment proposé de supprimer la notion de « communauté » corse ainsi que son « lien singulier à sa terre », en refusant d’accorder un pouvoir législatif autonome à la Collectivité de Corse, rapporte TopTribune.
Frustration et promesse intenable
« Je crains que ce projet de loi ne provoque, au final, que des frustrations », a ajouté le ministre, soulignant qu’une majorité qualifiée au Parlement pour soutenir cette révision constitutionnelle n’existe pas. « La République ne doit pas faire des promesses qu’elle sait ne pas pouvoir tenir, car cela nuit à la confiance entre les citoyens et leurs institutions, ainsi qu’au sentiment d’appartenance des Corses à la nation française », a-t-il poursuivi.
Bruno Retailleau a également exprimé son opinion sur l’importance de l’enracinement, précisant qu’il ne croit pas que le sentiment d’appartenance soit uniquement fondé sur des transferts de compétences. Il a notamment mentionné un « équilibre républicain altéré par ce projet de loi ».
À l’issue du Conseil des ministres, le ministre de l’Aménagement du territoire, François Rebsamen, a fait savoir à la presse que la position de Retailleau, qui « n’a pas changé », continue de préoccuper.
Le projet de révision constitutionnelle, visant à conférer à l’île « une autonomie au sein de la République », a été initié en 2022 par Gérald Darmanin, alors ministre de l’Intérieur, à la demande d’Emmanuel Macron. Cet acte a été motivé par la volonté de mettre un terme aux violences qui ont éclaté sur l’île suite à la mort en détention de Yvan Colonna, un militant indépendantiste. Ce texte a été adopté quasiment à l’unanimité, à l’exception d’une voix, lors de son passage à l’Assemblée de Corse.