Évitons de parler de Bruno. Ou plutôt, parlons-en. La récente interview de Bruno Retailleau accordée à l’hebdomadaire d’extrême droite Valeurs Actuelles a suscité des réactions vives parmi ses collègues. Le ministre de l’Intérieur a affirmé que « le macronisme prendra fin avec Emmanuel Macron, tout simplement », soulignant que cela représente essentiellement un homme plutôt qu’un mouvement politique ou une idéologie. Il a également exprimé son scepticisme quant à la stratégie du « en même temps » prônée par le président, estimant qu’elle mène à l’impuissance, rapporte TopTribune.
« Inacceptables », « Manque de respect »
Ces commentaires ont été difficilement acceptés au sein du camp présidentiel. La ministre de l’Éducation, Élisabeth Borne, n’a pas tardé à réagir sur le réseau X, accusant Retailleau de tenter de diviser le socle commun et d’amoindrir les barrières contre les extrêmes. « Agir ensemble nécessite du respect mutuel », a-t-elle insisté, affirmant que le macronisme est tant une idéologie qu’un parti politique. Le parti Renaissance, dirigé par l’ancien Premier ministre Gabriel Attal, a également souligné que « le temps consacré à diviser et à soulever ces polémiques est du temps perdu pour agir au service des Français », qualifiant les propos de Retailleau d’« inacceptables ».
« Le macronisme ne s’éteindra pas. Ni maintenant, ni dans deux ans, ni jamais. Personne ne pourra l’effacer. Il nous incombe de le défendre avec Renaissance », a répondu Aurore Bergé, ministre de l’Égalité entre les hommes et les femmes, qui partage le même gouvernement que Retailleau. « Le macronisme constitue un projet politique auquel de nombreux Français s’identifient encore. Le manque de respect ne favorise pas la création d’un projet rassembleur pour le pays », a également ajouté Marc Ferracci, ministre de l’Industrie et proche du chef de l’État.
Un gouvernement « d’assemblage »
Un ministre d’un « gouvernement de coalition » ne devrait-il pas s’exprimer ainsi ? Mercredi, la porte-parole du gouvernement, Sophie Primas, issue des Républicains, a défendu la liberté d’expression de son chef de parti dans ce qu’elle a décrit comme un « gouvernement d’assemblage ». « Ce genre de déclaration démontre aux Français que nous sommes dans un contexte où plusieurs partis tentent d’avancer ensemble, tout en maintenant nos convictions distinctes », a-t-elle expliqué. Elle a poursuivi en notant que les Républicains respectent toutes les formations politiques, tout en affirmant leurs propres opinions.
Dans cet entretien, Retailleau a également réaffirmé que sa présence au sein de la coalition gouvernementale ne doit pas être interprétée comme une adhésion au macronisme, mais découle d’un souci pour « l’intérêt général » et d’une volonté d’empêcher la gauche mélenchoniste d’accéder au pouvoir.
Bruno Retailleau doit voir Emmanuel Macron jeudi soir. Se verra-t-il rappeler à l’ordre ? Début juillet, le président avait déjà demandé à François Bayrou de « discipliner les paroles » de son gouvernement, après que Retailleau se soit prononcé en faveur de l’arrêt des aides aux énergies renouvelables, ce qui avait provoqué l’ire d’Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition écologique, et de Gabriel Attal.