"Les investissements privés dans l'IA sont onze fois plus importants aux États-Unis" : ces chercheurs américains confient être peu séduits par l'Europe
"Les investissements privés dans l'IA sont onze fois plus importants aux États-Unis" : ces chercheurs américains confient être peu séduits par l'Europe

REPORTAGE. »Les investissements privés dans l’IA sont onze fois plus importants aux États-Unis » : ces chercheurs américains confient être peu séduits par l’Europe

05.05.2025
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« Choose Europe for science » : c’est le message que doivent lancer lundi Emmanuel Macron et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen aux chercheurs notamment Américains. Une grande conférence est organisée le 5 mai à Paris pour tenter d’attirer les scientifiques confrontés à l’animosité de la nouvelle administration Trump envers la recherche. Alors que l’université Aix-Marseille et le CNRS ont déjà lancé leur programme pour attirer les cerveaux, les chercheurs américains sont-ils vraiment prêts à traverser l’Atlantique ? Franceinfo leur a posé la question.

Malgré les pressions de l’administration Trump, ce chercheur francophile qui préfère témoigner anonymement, s’accroche à son poste à la Fondation Nationale pour la science. « Je ne suis pas prêt à renoncer à ma vocation », confie-t-il, reconnaissant que beaucoup de ses collègues regardent déjà ailleurs. « Des centaines d’employés prennent leur retraite, d’autres sont en train de quitter la science ou vont dans le secteur privé ou sont en recherche de travail. Mais c’est un ‘brain drain’ énorme », admet-il.

Ce « brain drain« , que l’on peut traduire par « fuite des cerveaux », a été quantifié par la revue Nature : sa plateforme d’emploi a enregistré une augmentation de 30% de demandes de postes à l’étranger. Mais ces scientifiques américains seraient-ils prêts pour autant à partir en France ? « Ce que l’Amérique perd, l’Europe et la France pourraient le gagner », estime Margaret O’Mara, professeur d’histoire de l’innovation à l’université de Washington à Seattle.

Un écosystème pas assez favorable

Elle salue l’idée d’Emmanuel Macron, mais tempère : cela pourrait marcher à condition que la France permette aux chercheurs américains de retrouver un environnement similaire à celui qui a fait la grandeur scientifique des Etats-Unis.« C’est à la fois une combinaison de politiques publiques et d’une culture favorable à l’entrepreneuriat », explique-t-elle.

Un écosystème pourtant pas vraiment développé en Europe et encore moins en France, juge Mark Kennedy. « Les investissements privés dans l’IA sont onze fois plus importants aux États-Unis qu’en Europe. Le Royaume-Uni investit davantage dans l’IA que l’Allemagne et la France réunies », rappelle-t-il. Le directeur de l’Institut Wahba pour la concurrence stratégique voit un autre obstacle majeur.

« L’appel de Macron à faire en sorte que l’Europe prenne part aux industries du futur est pertinent et visionnaire, mais l’Europe doit aussi reconnaître qu’elle ne pourra pas développer une culture de l’innovation forte sur un continent qui impose des réglementations importantes et se targue d’être une superpuissance réglementaire »

Mark Kennedy

Selon cet ancien président de l’université du Colorado, le voisin canadien, le Royaume-Uni ou l’Australie pourrait avoir la faveur des scientifiques américains. 

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