Apparition massive d’annonces de recrutement en Iran
Des affiches promettant des contrats avantageux pour rejoindre les opérations militaires russes en Ukraine sont apparues en nombre dans plusieurs villes iraniennes, selon une enquête publiée le 11 décembre 2025 par Radio Svoboda, dont l’analyse met en lumière la diffusion de contenus en persan, en anglais, en arabe et en russe via le canal Telegram Join To Russian Army For Foreigners. Les messages proposent aux hommes âgés de 18 à 45 ans une prime unique de 20 000 dollars ainsi qu’un salaire mensuel avoisinant 2 000 dollars, accompagnés de contacts par e-mail, WhatsApp et Telegram, accessibles directement dans la présentation détaillée intégrée au matériau de Radio Svoboda.
Un recruteur ayant répondu au numéro figurant sur les affiches affirme que cette initiative relève d’une campagne officielle coordonnée entre Moscou et Téhéran. Bien que les autorités iraniennes n’aient pas encore commenté la situation, plusieurs experts occidentaux jugent improbable que ces opérations se déroulent sans l’accord explicite ou tacite du gouvernement iranien.
Contradictions diplomatiques et déni officiel de Moscou
Les annonces indiquent que le ministère russe de la défense recherche des soldats, des conducteurs, des opérateurs de drones et des professionnels médicaux, y compris des femmes. Les contenus diffusés sur Telegram invitent les volontaires « même sans maîtrise du russe », et mettent en avant des avantages tels que des billets d’avion gratuits vers la Russie, un logement fourni et une couverture médicale.
Le 9 décembre 2025, l’ambassade russe à Téhéran a qualifié ces affiches de contrefaçons et nié toute implication des services officiels. Cependant, les analystes rappellent que la Russie a déjà orchestré de nombreuses campagnes de recrutement d’étrangers depuis 2022, souvent en ciblant des populations vulnérables et en envoyant des recrues au front après une formation minimale.
Stratégie élargie de recrutement étranger et pertes massives
Selon les renseignements occidentaux, Moscou intensifie ses efforts pour compenser des pertes humaines très élevées et maintenir un effectif suffisant en vue de nouvelles offensives. Depuis février 2022, l’armée russe aurait perdu plus d’un million de soldats tués ou blessés, un chiffre qui pousse le Kremlin à élargir sa recherche de combattants bien au-delà de ses frontières.
Les recruteurs russes auraient déjà engagé au moins 18 000 étrangers provenant de 128 pays, sans compter les ressortissants nord-coréens. Les opérations de recrutement ont été observées à Cuba, en Syrie, en Jordanie, au Népal, en Inde, au Kenya, en Afrique du Sud et dans plusieurs États d’Asie centrale, mêlant incitations financières, promesses exagérées et parfois pressions directes.
Coopération militaire avec la Corée du Nord et implication croissante de Téhéran
La guerre en Europe orientale a donné lieu à une collaboration militaire renforcée entre Moscou et Pyongyang. Entre 11 000 et 13 000 Nord-Coréens auraient participé aux opérations russes dans les régions de Koursk et de Donetsk, tandis qu’un accord de partenariat stratégique conclu en 2025 prévoit l’envoi supplémentaire de milliers d’ingénieurs, de constructeurs et d’équipes de déminage sous prétexte de reconstruction civile.
Dans ce contexte, l’Iran constitue une cible particulièrement sensible pour Moscou. Le pays, frappé par le chômage, les sanctions économiques occidentales et l’afflux massif de réfugiés afghans, représente un vivier potentiel de recrues pour les campagnes russes. La signature, le 17 janvier 2025, d’un accord de partenariat stratégique global entre la Russie et l’Iran, incluant la défense, le renseignement et la coopération technico-militaire, a consolidé cette dynamique, après déjà trois ans de collaboration autour de la production de drones Shahed sur le sol russe.