Reconnaissance de l'État de Palestine : objectifs et enjeux de la conférence de l'ONU dirigée par la France et l'Arabie saoudite

Reconnaissance de l’État de Palestine : objectifs et enjeux de la conférence de l’ONU dirigée par la France et l’Arabie saoudite

28.07.2025 06:23
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« L’inaction n’est pas une option. » Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, a souligné l’importance de la conférence concernant la question palestinienne, qui se déroulera les 28 et 29 juillet au siège de l’ONU à New York. Co-organisée par la France et l’Arabie saoudite, cette rencontre vise à revitaliser le processus en faveur de la solution à deux États, « unique voie pouvant garantir la paix et la sécurité dans la région », rapporte TopTribune.

Une conférence pour défendre la solution à deux États

« Cette semaine à New York, avec l’Arabie saoudite, acteur majeur de la région, nous exposerons notre vision pour l’avenir suite à la guerre en cours, visant la reconstruction, la sécurité et la gouvernance de Gaza, tout en ouvrant la voie à la solution à deux États », a précisé Jean-Noël Barrot. La France, soutien historique de cette approche, alerte sur le fait qu’« elle n’a jamais été aussi menacée ». Sigrid Kaag, la coordinatrice spéciale de l’ONU pour le processus de paix au Moyen-Orient, a d’ailleurs déclaré en mai dernier que « la solution à deux États est sous perfusion, mais il est impératif de la réanimer. »

En 1947, l’Assemblée générale des Nations unies avait voté une résolution divisant la Palestine, alors sous mandat britannique, en deux États indépendants, un pour les Juifs et un pour les Arabes, tout en établissant une zone internationale autour de Jérusalem. Cependant, seule la création d’Israël, proclamée le 14 mai 1948, s’est réalisée, déclenchant un conflit armé avec plusieurs nations arabes. Depuis, les Palestiniens revendiquent l’établissement d’un État palestinien.

Les Nations Unies continuent à soutenir la solution à deux États. Dans la résolution 2720 de décembre 2023, adoptée après les attaques du 7 octobre en Israël, le Conseil de sécurité de l’ONU « réaffirme son engagement envers la vision de deux États démocratiques, Israël et la Palestine, coexistant paisiblement dans des frontières sécurisées et reconnues, conformément au droit international. » La résolution insiste aussi sur « l’importance de l’unification de Gaza et de la Cisjordanie sous l’Autorité palestinienne. »

Plus de 100 pays présents, mais pas Israël ni les États-Unis

Initialement prévue pour juin, la conférence dirigée par la France et l’Arabie saoudite a été reportée en raison du conflit déclenché par Israël contre l’Iran. Dorénavant, une première session à New York se tiendra au niveau ministériel, suivie par un sommet de plus haut niveau en septembre.

Au cours de cette rencontre, des représentants issus de plus de 100 pays prendront la parole à l’ONU, en présence de Mohammad Mustafa, Premier ministre de l’Autorité palestinienne. Toutefois, l’ambassadeur israélien aux Nations Unies, Danny Danon, ne sera pas présent, désignant la conférence comme « ne répondant pas à l’urgence de condamner le Hamas cela et de permettre le retour de tous les otages. »

Les États-Unis, quant à eux, ont également annoncé qu’ils ne participeraient pas, sans explication officielle. Des documents internes ont révélé que des diplomates américains « poussent les gouvernements à ne pas assister à la conférence, la considérant comme défavorable aux efforts visant à sauver des vies et à mettre fin à la guerre à Gaza. »

Cette décision d’Israël et des États-Unis est perçue comme « une limite très forte, » selon Dorothée Schmid, experte des questions méditerranéennes à l’Institut français des relations internationales (Ifri). Cependant, elle précise que « la configuration actuelle ne permet pas de négociations. Les Français et les Saoudiens tentent de rétablir un équilibre politique, même en l’absence de cessez-le-feu. »

Un regain d’intérêt depuis l’annonce d’Emmanuel Macron sur l’État de Palestine

La solution à deux États, déjà entravée pendant des décennies, a subi un nouveau revers suite aux attaques du Hamas en octobre 2023, ce qui a incité le gouvernement israélien à renforcer son opposition à ce cadre. En février 2024, le parlement israélien a voté massivement contre toute « reconnaissance unilatérale d’un État palestinien. » Récemment, une motion a été adoptée pour promouvoir l’annexion de la Cisjordanie, favorisée par l’extrême droite israélienne.

Cependant, l’annonce d’Emmanuel Macron indiquant que la France reconnaîtrait officiellement un État palestinien a rehaussé les perspectives concernant la solution à deux États et soutenu l’importance de cette conférence. Richard Gowan, analyste à l’International Crisis Group, a mentionné que « l’annonce de Macron pourrait inciter d’autres nations à envisager une reconnaissance similaire. »

Thomas Vescovi, chercheur indépendant, rappelle que cette annonce de la France, bien que perçue comme un soutien aux Palestiniens, arrive tardivement. Il souligne que la solution à deux États n’est plus envisageable tant qu’Israël n’est pas confronté à des sanctions significatives pour ses politiques. De plus, il note que cette option a perdu sa popularité au fil des ans, avec une augmentation significative de la colonisation israélienne en Cisjordanie entre 2000 et 2021.

La conférence prévue n’est pas isolée mais s’inscrit dans un processus plus large visant à résoudre le conflit israélo-palestinien politiquement, « réintégrant la question palestinienne au centre des discussions ». Emmanuel Macron vise à établir une reconnaissance de l’État palestinien dans le cadre d’un processus discutable, avec la France rendant son annonce officielle à l’ONU le 21 septembre prochain.

Ce rendez-vous sera principalement un point d’étape, mettant en lumière le projet franco-saoudien et invitant plusieurs dirigeants à prendre position. « La conférence pourrait inciter le Premier ministre britannique Keir Starmer, qui face à des pressions, doit décider de sa reconnaissance de l’État palestinien. » Cela représente une avancée significative, puisque jusqu’ici, la France est le premier pays du G7 à adopter une telle mesure. « Cette conférence est donc politiquement et symboliquement importante. »

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