Quand les radars écoutent plus qu’ils ne regardent… Après avoir combattu la vitesse excessive, les autorités françaises s’attaquent désormais à une autre nuisance. En 2025, la France inaugure une nouvelle ère de contrôle routier avec l’arrivée des radars anti-bruit. Déjà expérimentés dans plusieurs villes depuis 2022, comme à Paris, Nice ou encore Toulouse, ces dispositifs captent et sanctionnent le niveau sonore -excessif- de certains véhicules, qu’il s’agisse de voitures sportives, de voitures “tunées”, comme des motos ou scooters au pot d’échappement modifié ou non conforme. Ils permettent aussi de détecter les comportements de conduite agressifs, comme les accélérations brutales. Sans oublier d’anciens camions parfois… très grinçants. Toutefois, il ne s’agit pas de simples micros sur pied : ils parviennent à traquer le bruit à l’aide de capteurs acoustiques et de microphones directionnels de haute précision, combinés aux habituelles caméras de lecture automatique des plaques d’immatriculation (LAPI). Cette configuration leur permet de localiser précisément la source du bruit, et d’identifier le véhicule en infraction. Grâce à un logiciel intelligent, le radar peut en effet isoler un véhicule spécifique, même dans une zone dense, en présence de plusieurs sources sonores. Sa portée d’action est d’environ 15 mètres et il semble impossible d’échapper à l’œil, ou plutôt à l’oreille, de ces boîtes anti-bruit, installées en hauteur au sommet de poteaux.
Combien ça coûte de faire trop de bruit en voiture ?
Vous voyez ce qui vous pend au nez, une sanction ! En effet, le niveau sonore à ne pas dépasser a été fixé à 85 décibels (dB). Si les contrevenants roulent au-delà de ce seuil toléré, ils recevront automatiquement une amende forfaitaire de catégorie 4 à 135 euros, minorée à 90 euros si le paiement est effectué dans les 15 jours suivant la contravention.
Selon le bilan de l’expérimentation réalisée aux abords d’une route départementale très fréquentée de Villeneuve-le-Roi, dans le Val-de-Marne, il y aurait peu d’inquiétudes pour la majorité des automobilistes, les voitures dépassant rarement cette limite sonore de 85 décibels : sur les 15 000 véhicules empruntant quotidiennement cet axe routier, seuls 15 ont dépassé le seuil autorisé. Le gouvernement veut donc avant tout sanctionner ceux ayant volontairement un comportement bruyant.
Mais pour l’instant, ces sanctions restent hypothétiques. Il est important de rappeler que la mise en œuvre d’une verbalisation automatisée nécessite un décret d’application, qui n’a toujours pas été publié. Aujourd’hui, ces radars fonctionnent donc à titre pédagogique, et dans le but de collecter des données. S’en servir comme moyen de sanction est d’autant plus impossible que pour l’heure, le radar sonore “hydre”, utilisé par Bruitparif, l’observatoire du bruit en Île-de-France, n’a toujours pas obtenu d’homologation… Même si cela ne devrait plus tarder, puisque les premiers tests ont été concluants.
Ces radars déployés par Bruitparif, parfois appelés “méduses” ou “hydres”, devraient dès lors s’installer sur tout le territoire dès cet été. Notons qu’en France, près de 40% des habitants des agglomérations de plus de 250 000 habitants sont quotidiennement exposés à un niveau sonore de jour supérieur à 60 décibels (dB) en raison du trafic routier.