La patate chaude est désormais entre les mains d’Emmanuel Macron. Suite à la démission de Sébastien Lecornu et à l’échec de sa tentative d’éviter une nouvelle censure, le président de l’État doit nommer un nouveau Premier ministre. Cette décision est attendue d’ici à ce vendredi soir. Face à une montée des tensions politiques, chaque camp affiche ses « lignes rouges », compliquant la tâche du chef de l’État. Quel type de profil pourrait sortir le pays de cette crise et empêcher une nouvelle dissolution ? Une analyse des critères que le futur Premier ministre doit impérativement respecter s’impose, rapporte TopTribune.
Il ne doit pas… être macroniste
Il s’agit d’un point de consensus au sein de la classe politique : que le futur Premier ministre ne soit pas un macroniste. Après François Bayrou et Sébastien Lecornu, deux alliés du président, Macron se voit contraint de revoir ses choix. Cette position est également partagée par des membres de son propre camp. La députée Renaissance, Maud Bregeon, a déclaré : « Ma conviction, c’est que le gouvernement devra être complètement différent. On doit être lucides, il faut tirer les conclusions du crash de dimanche dernier. »
Il ne doit être… ni de droite, ni de gauche
Si le futur Premier ministre ne doit pas être macroniste, il ne doit pas non plus être perçu comme un membre de droite. Les socialistes, écologistes et communistes s’y opposent fermement. Marine Tondelier a ainsi exprimé la nécessité d’un Premier ministre de gauche et écologiste. À l’inverse, la droite exclut la possibilité d’un chef de gouvernement affilié à la gauche. Philippe Juvin, député LR, a affirmé : « Nous sommes prêts désormais à discuter avec le futur Premier ministre, à condition qu’il ne soit pas de gauche. »
Il ne doit pas… être « techno »
Un commentaire de Sébastien Lecornu, lors d’une interview sur France 2, a rouvert le débat sur la sélection d’un profil « technique » pour son successeur. Il a suggéré que l’équipe du prochain gouvernement doit se montrer indépendante des ambitions présidentielles pour 2027. Toutefois, cette option est régulièrement écartée par la classe politique, quelle que soit son appartenance.
Il doit… suspendre la réforme des retraites
Le débat s’est intensifié autour de la réforme des retraites, adoptée dans une ambiance tendue en 2023 par Elisabeth Borne. Cette dernière a proposé de « suspendre » ce texte controversé pour avancer. Les socialistes, en particulier, en font un critère essentiel pour éviter la censure. Olivier Faure a réclamé le gel de l’âge légal de départ à la retraite. D’autres, comme Laurent Baumel, ont souligné que « les macronistes doivent renoncer à des éléments coûteux pour avancer. »
Il ne doit pas… suspendre la réforme des retraites
À l’opposé de ces demandes, plusieurs voix, y compris des macronistes influents, ont exprimé leur rejet d’une éventuelle suspension de la réforme des retraites. Un poids lourd du macronisme a affirmé : « On peut avancer sur le pouvoir d’achat ou une taxation des plus aisés, mais on ne reviendra pas sur les retraites. » Bruno Retailleau, chef de la droite, a également déclaré qu’il ne rejoindrait aucune équipe gouvernementale visant à abroger la réforme.
Ce sera qui, alors ?
Plusieurs personnalités sont en tête des spéculations médiatiques, comme le centriste Jean-Louis Borloo, l’ex-ministre de l’Économie Eric Lombard, ou l’ancien responsable de la CFDT Laurent Berger. Sébastien Lecornu pourrait également être reconduit. Toutefois, aucune de ces pistes ne semble satisfaire les critères d’un profil idéal. La décision d’Emmanuel Macron laissera certains camps déçus et marquera un tournant crucial pour l’avenir politique du pays.
