Quand Emmanuel Macron appelait Gérard Larcher pour lui annoncer le nom du nouveau Premier ministre
Quand Emmanuel Macron appelait Gérard Larcher pour lui annoncer le nom du nouveau Premier ministre

Quand Emmanuel Macron appelait Gérard Larcher pour lui annoncer le nom du nouveau Premier ministre

05.09.2024
3 min de lecture

Contrairement à ce qui était attendu encore en début d’après-midi, l’Elysée a finalement renoncé à une annonce mercredi soir, près de deux mois après le deuxième tour des législatives. Pourtant, tout semblait ficelé.

Voilà qui ressemble fort à un retour à la case départ, 51 jours après la démission de Gabriel Attal. Selon son entourage, Emmanuel Macron pensait, mercredi 4 septembre, pouvoir trancher entre Xavier Bertrand et Bernard Cazeneuve au poste de Premier ministre. Pourtant, le Président de la République n’a pas réussi à faire son annonce.

Et l’exécutif semble, plus que jamais dans le flou. Ce que résume brutalement un familier de l’Elysée : « Emmanuel Macron est dans l’impasse. Cette fois, il ne repart pas pour un round de consultation…Tempête sous un crâne, il reprend tout à zéro ».

Mardi, Emmanuel Macron appelle Gérard Larcher

Retour en arrière. Mardi 3 septembre, tout semblait pourtant ficelé, selon un parlementaire très renseigné : Emmanuel Macron a ainsi appelé Gérard Larcher, le président du Sénat, pour lui annoncer… qu’il va nommer Xavier Bertrand, le lendemain avant midi. Dans la soirée, selon la même source, Bernard Cazeneuve confie à un ami qu’il sait que ce ne sera pas lui.

Mercredi 4 septembre, dans la matinée, le chef de l’Etat n’avait donc qu’à trancher, prétendait le premier cercle du Président, assurant que les deux candidats étaient toujours sur un pied d’égalité. Et l’exécutif de se réjouir de voir le « jeu s’ouvrir » et le « mécanisme de décantation fonctionner« . Le chef de l’Etat voulait toutefois continuer de confronter les points de vue. Or, les heures filent et dans la soirée, l’Elysée confirme qu’il n’y aura pas de communication officielle.

Verdict d’un ministre démissionnaire : « Ni Bertrand ni Cazeneuve ne résistent à une censure ». L’Élysée a, en effet, fallu se rendre à l’évidence : depuis le début, l’option Xavier Bertrand ne tenait pas, arithmétiquement parlant. Face au patron de la région Hauts de France, il y a le Rassemblement national, les Socialistes, les Verts, et les Insoumis. Soit plus de 300 voix contre lui en cas de motion de censure, quand il n’en faut que 289.

Quant à Bernard Cazeneuve, « Olivier Faure, le premier secrétaire du PS, lui a savonné la planche en lui refusant un soutien a priori« , peste un partisan de l’ex-Premier ministre de François Hollande. Emmanuel Macron, qui ne veut pas de cohabitation, « n’attendait que cela« , enrage un vieux socialiste. « Le PS a tué Cazeneuve en exigeant de lui qu’il applique le programme du nouveau front populaire« , résume un familier de l’Elysée.

Un mouton « à trois pattes »

Emmanuel Macron cherche donc toujours le mouton à cinq pattes. D’ailleurs, « s’il n’en avait que trois, cela m’irait« , ironise un macroniste, assez désespéré. Ainsi, de nouveau noms circulent aussi vite qu’ils disparaissent : David Lisnard, le maire de Cannes et président de l’association des maires de France, qui lui-même se qualifie de « bulle médiatique » et dit ne rien attendre ; François Baroin, son prédécesseur à la tête de l’AMF ; tout comme celui de Christine Lagarde, la présidente de la banque centrale européenne. Le nom du maire de Troyes circule « à chaque fois« , remarque un fidèle du chef de l’Etat, qui n’y croit pas une seconde, ni à la nomination de Michel Barnier, l’ex-commissaire européen, qu’il juge « trop vieux » et « de nouveau trop marqué à droite« .

Ce soutien d’Emmanuel Macron, lui, plaide pour revenir aux recettes qui ont fait leurs preuves : un maire inconnu du grand public, de centre droit, comme Edouard Philippe ou Jean Castex en leur temps. « Pas de passé, pas de passif… Le profil a moins de chance d’être censuré« , selon lui.

« Le risque d’un monsieur personne, c’est l’effet déceptif« , alerte un bon connaisseur de l’Assemblée, qui redoute que « l’hémicycle ne fasse payer à Emmanuel Macron ses hésitations« . Ce dernier pense que, de toute façon, le « premier nommé sera le premier à tomber. » Et un regret pointe désormais chez ceux que l’on désigne encore comme le camp du Président : qu’Emmanuel Macron n’ait pas tout simplement commencé par nommer… Lucie Castets. Résultat : il faut recommencer à chercher. Il n’y aura peut-être même pas d’annonce avant lundi 9 septembre, avancent plusieurs sources. Dans son interview du 23 juillet à la télévision, Emmanuel Macron expliquait qu’il attendrait la fin des olympiades.

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