Production illégale du pesticide interdit Fastac révélée près de Lyon

Production illégale du pesticide interdit Fastac révélée près de Lyon

21.08.2025 12:23
3 min de lecture

Un nouveau scandale sanitaire éclate en France alors que des militants ont découvert, lors d’une inspection citoyenne le 23 juin dernier, des stocks d’un insecticide interdit dans l’usine de Basf à Genay, près de Lyon. Ce produit, le Fastac, contient l’alpha-cyperméthrine, une substance jugée dangereuse pour la santé et l’environnement, et sa production est prohibée par la loi Egalim, rapporte TopTribune.

Une semaine après cette découverte, un contrôle effectué par la Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement (Dreal) a confirmé la présence de 10 tonnes de Fastac, destiné à l’exportation, ce qui contrevient aux règles en vigueur. La préfecture du Rhône a précisé que cette situation soulève des inquiétudes, d’autant plus qu’une inspection réalisée en février 2024 avait déjà révélé la présence de ce pesticide, mais n’avait pas permis d’agir alors que les pouvoirs publics avaient déjà connaissance du problème.

Les associations environnementales expriment leur indignation face à cette situation, mettant en exergue l’inefficacité des contrôles précédents. Un représentant des Faucheurs volontaires, Jean-Luc Juthier, souligne que la loi est interprétée de manière détournée par Basf, permettant ainsi à l’entreprise de contourner l’interdiction. En effet, l’approbation pour l’alpha-cyperméthrine a été annulée par la Commission européenne en mai 2021, suite au refus de Basf de fournir des données sur ses effets, rendant sa production illégale selon la législation française.

Des manœuvres jugées trompeuses par l’entreprise

Basf a réagi en affirmant qu’elle respecte les lois en vigueur. Dans une déclaration, le groupe a affirmé que le retrait de l’approbation de l’alpha-cyperméthrine ne constitue pas un motif d’interdiction, ce qui ouvre un débat sur le respect des différentes réglementations concernant les substances phytosanitaires. Les associations dénoncent un flou juridique qui permettrait à des entreprises de continuer à produire des pesticides nocifs pour la santé humaine et l’environnement.

Un problème de conformité et de réglementations internationales

Le danger mis en lumière par cette affaire s’étend à d’autres substances interdites, comme le Fipronil, produit en Normandie et exporté vers des pays où la législation est moins stricte. Des spécialistes comme Pauline Cervan de l’ONG Générations Futures affirment que ce phénomène de production pour l’exportation de pesticides interdits met en danger non seulement les populations des pays importateurs, mais également la sécurité alimentaire en Europe. « Tant que le flou juridique persiste, les industriels continueront de produire et d’exporter en toute impunité », a-t-elle déclaré.

Appels à une révision des lois sur les pesticides

Face à cette situation, les acteurs du secteur environnemental demandent une réforme des lois afin de clarifier l’interdiction de production pour les substances jugées dangereuses en Europe. Les militants soulignent que les preuves accumulées concernant les effets négatifs de ces substances sur la santé et l’écosystème exigent des actions concrètes. Ils mettent en avant d’autres produits controversés comme le glyphosate et les néonicotinoïdes, qui, selon eux, continuent également de causer des dommages importants.

Les membres du collectif des Faucheurs volontaires envisagent de collaborer avec des députés pour œuvrer à l’élaboration de lois plus strictes et à une meilleure application des réglementations existantes. Jean-Luc Juthier conclut en exigeant des sanctions à l’encontre des industries utilisant des produits nocifs, affirmant que « ce n’est pas normal que des industriels puissent encore se faire de l’argent avec des produits toxiques ».

La responsabilité de la mise en œuvre de mesures face à ces défis incombe désormais au ministère de l’Agriculture, qui doit prendre des décisions concernant le retrait et la destruction de produits comme le Fastac. Les enjeux sont considérables, au regard des conséquences sur la santé publique et la préservation de l’environnement, alors que la société s’attend à ce que les lois soient enfin respectées. Les appels à une réforme législative se multiplient, reflétant l’urgence d’une réaction institutionnelle face à ce « colonialisme chimique » dénoncé par les militants.

Laisser un commentaire

Your email address will not be published.

Dernières nouvelles

À NE PAS MANQUER