Des résultats officiels préliminaires sont attendus lundi après-midi.
Un scrutin sans suspense. Kaïs Saïed a très largement remporté l’élection présidentielle en Tunisie, dimanche 6 octobre. D’après les résultats de l’institut Sigma Conseil diffusés à la télévision nationale, le président sortant a obtenu 89,2% des suffrages dès le premier tour. Le deuxième candidat, Ayachi Zammel, un industriel libéral de 47 ans, n’a obtenu que 6,9% des voix. Le troisième, un député de la gauche panarabe, Zouhair Maghzaoui, 59 ans, s’est adjugé 3,9% des suffrages. Des résultats officiels préliminaires sont attendus lundi après-midi.
La participation s’est établie à 27,7% contre 45% il y a cinq ans au premier tour, selon l’autorité électorale Isie. Son président, Farouk Bouasker, a jugé ce taux « respectable », alors que c’est le plus faible pour un premier tour de scrutin présidentiel depuis le renversement du dictateur Ben Ali en 2011.
Après l’annonce des sondages, environ 400 partisans du président sont sortis fêter sa victoire, brandissant des drapeaux devant le théâtre municipal au centre de Tunis, en scandant « le peuple veut Kaïs de nouveau ». Un groupe a entonné avec entrain l’hymne national. Oumayma Dhouib, 25 ans, s’est dite « très contente » de la victoire de « Kaisoun », son surnom affectueux. La jeune femme a assuré être « convaincue par ses idées et sa politique », comme sa mère Khadija 52 ans qui lui « fait confiance ».
Une « légitimité de l’élection est « forcément entachée »
« La légitimité de l’élection est forcément entachée quand les candidats qui pouvaient faire de l’ombre à M. Saïed ont été systématiquement écartés », a commenté pour l’AFP l’analyste politique tunisien Hatem Nafti. Le processus de sélection des candidatures avait été très contesté pour le nombre élevé de parrainages exigé, l’emprisonnement de candidats potentiels connus, et l’éviction par l’Isie des rivaux les plus solides du président, dont Mondher Zenaidi, un ancien ministre de Ben Ali.
Elu en 2019 avec près de 73% des voix (et 58% de participation), Kaïs Saïed était très populaire quand. Trois ans plus tard, beaucoup de Tunisiens lui reprochent d’avoir consacré trop d’énergie à régler ses comptes avec ses opposants, en particulier le parti islamo-conservateur Ennahdha, dominant pendant la décennie de démocratie ayant suivi le renversement du dictateur Ben Ali.
Lors d’une prise de parole dimanche soir depuis son quartier général de campagne, Kaïs Saïed a dit, sur un ton martial, vouloir « poursuivre la Révolution de 2011 » et bâtir « un pays nettoyé des corrompus et des complots ». « La Tunisie restera libre et indépendante et n’acceptera jamais l’ingérence étrangère », a-t-il ajouté.