Cinq mois après l’annulation du premier tour de la présidentielle, le jeune chef de parti a recueilli plus de 40% des suffrages lors du nouveau scrutin. Il affrontera au second tour, prévu le 18 mai, le maire centriste de Bucarest Nicusor Dan, arrivé deuxième.
/2025/05/05/000-372e39a-6818622f60b93747866077.jpg)
Une nouvelle élection, mais un résultat similaire. Cinq mois après l’annulation du premier tour de la présidentielle, la Roumanie a confirmé dans un nouveau vote, dimanche 4 mai, son virage nationaliste. George Simion, un souverainiste fan de Donald Trump, a recueilli 40,5% des suffrages, selon des résultats quasi finaux.
Il affrontera au second tour, prévu le 18 mai, le maire centriste de Bucarest Nicusor Dan (20,9%), qui a dépassé de peu le candidat unique des partis au pouvoir, Crin Antonescu (20,3%). « Ensemble, nous avons écrit une page d’histoire aujourd’hui », a réagi le candidat d’extrême droite, dans un message vidéo diffusé au siège de son parti. Franceinfo dresse le portrait du principal prétendant à la présidence roumaine.
1 Il est soutenu par Calin Georgescu, écarté de la course
Arrivé quatrième (14% des voix) au premier tour de la présidentielle de novembre 2024 – qui a donc été annulée par la Cour constitutionnelle –, George Simion s’est imposé dans la campagne comme le candidat ayant bénéficié du report des voix de Calin Georgescu, écarté pour suspicions d’ingérence russe. Les deux hommes se sont affichés ensemble dimanche dans un bureau de vote de Mogosoaia, près de Bucarest.
Comme son allié, George Simion a d’ailleurs beaucoup recouru, durant la campagne, à la plateforme TikTok, où il est suivi par 1,4 million de personnes.
Il fait également l’objet d’une enquête du parquet pour incitation à la violence après avoir dit vouloir « écorcher vifs sur la place publique » les responsables du « coup d’Etat » ayant évincé l’ancien haut fonctionnaire de la présidentielle. Si George Simion accède au poste suprême, il a promis de « porter Calin Georgescu au pouvoir », évoquant trois options : « un référendum, des élections législatives anticipées ou la formation d’une coalition au Parlement qui le nommerait Premier ministre ».
2 C’est un ancien supporter ultra qui refuse l’étiquette d’extrême droite
Agé de 38 ans, George Simion est diplômé d’une maîtrise en histoire. En 2019, il cofonde le parti Alliance pour l’Unité des Roumains (AUR, qui signifie « or » en roumain), qu’il dirige encore aujourd’hui. Il est élu pour la première fois député l’année suivante, et son parti constitue désormais la deuxième force au Parlement. « Nous sommes un parti chrétien, nationaliste et patriote », décrivait-il en 2020, rapporte Euronews.
Cet ancien supporter de football ultra de l’équipe nationale, cofondateur d’un groupe de fans nationalistes, est opposé à l’ouverture du mariage aux couples de même sexe et à la vaccination contre le Covid-19. Il s’est aussi fait remarquer par ses déclarations antisémites, en estimant en 2022 que la Shoah était « un problème mineur » qu’il n’était pas nécessaire d’enseigner à l’école, rapporte Libération. Interrogé par franceinfo quelques jours avant le vote, il refuse néanmoins l’étiquette d’extrême droite. « Ceux qui m’étiquettent d’extrême droite veulent me dénigrer afin de cacher les problèmes de corruption en Roumanie », dénonce-t-il.
3 Il est interdit d’entrée en Ukraine et en Moldavie
George Simion s’est aussi fait connaître pour ses idées souverainistes, en demandant que des territoires de Moldavie et d’Ukraine reviennent dans le giron de la Roumanie. De quoi lui valoir une interdiction d’entrée dans ces deux pays.
Contrairement à Calin Georgescu, il nie toute inclination pour la Russie, et a qualifié le président russe Vladimir Poutine de « criminel de guerre ». Il s’oppose néanmoins à tout soutien militaire à Kiev, et veut réduire l’aide aux réfugiés ukrainiens.
Il partage la même aversion que l’ancien candidat d’extrême droite pour « les bureaucrates bruxellois ». « Nous ne sommes pas contre l’Union européenne, nous les Roumains. Nous voulons faire partie de l’UE, mais pas de l’Union européenne de Bruxelles, de la bureaucratie corrompue, mais d’une Europe des nations », a-t-il déclaré lors de la campagne.
Il a par ailleurs soutenu Marine Le Pen, condamnée à deux ans de prison ferme et cinq ans d’inéligibilité pour détournement de fonds publics. Il s’est dit« consterné » par la décision de la justice française, dans une interview au média français Omerta, qui se revendique « sans parti pris », mais relaie des idées proches de l’extrême droite.
4 C’est un grand admirateur de Donald Trump
« Nous avons le soutien des Etats-Unis », a-t-il souligné avec conviction durant la campagne. « Nous sommes les seuls à avoir des relations avec le département d’Etat » et les autres ministères américains, a-t-il assuré, contrairement aux dirigeants roumains actuels, « incapables d’ouvrir des portes ».
Cet admirateur du président américain Donald Trump, dont il soutient « le plan de paix » pour l’Ukraine, a d’ailleurs assisté à son investiture en janvier. « Nous sommes tout à fait d’accord avec l’idéologie « Maga » [« Make America Great Again », le slogan de Donald Trump]. Nous sommes un parti trumpiste », a répété George Simion après les résultats du premier tour, rapporte Le Monde. Il souhaite par ailleurs bâtir au sein de l’UE une alliance de pays « Maga »-compatibles. Comme le président américain, il a aussi repris une rhétorique non étayée autour de potentielles « fraudes électorales massives » à son encontre lors du scrutin.
Comme l’équipe Doge, chargée de traquer la fraude et les dépenses inutiles dans le budget des Etats-Unis, George Simion veut sabrer des postes « pour investir dans la défense » et presque doubler sur les cinq prochaines années le budget militaire de son pays, à 4% du produit intérieur brut. De quoi satisfaire Donald Trump, qui ne cesse de faire pression sur les membres de l’alliance atlantique pour qu’ils accentuent leurs efforts.