Un avenir asséché se profile. D’après une analyse émanant du Haut-Commissariat à la stratégie et au plan, 88 % de la France métropolitaine pourrait connaître des situations de tension hydrique, qu’elles soient modérées ou sévères, durant la période estivale d’ici à 2050, à moins que l’État n’opère un changement significatif dans sa gestion des ressources en eau, rapporte TopTribune.
Ce rapport indique qu’en adoptant une approche différente, qui privilégie une société « sobre en matière d’eau dans tous les secteurs d’activité », la proportion de territoires subissant de telles tensions ne diminuerait qu’à 64 %. En toute hypothèse, il est à prévoir que des restrictions d’usage de l’eau affecteront les secteurs agricoles, industriels et les particuliers sur la quasi-totalité du territoire, à l’instar de ce qui a été observé en 2022, souligne le rapport. Cette année-là a été marquée par une sécheresse aiguë et des décrets de restriction des usages de l’eau.
Zone Sud-Ouest et Sud-Est sous une menace accrue
Tous les territoires français n’ont pas la même susceptibilité face à cette problématique. « La pression sur les consommations (partie des prélèvements non restituée à l’environnement) devrait s’avérer particulièrement forte dans le sud-ouest et le sud-est du pays, en raison de l’importance des prélèvements liés à l’irrigation agricole », précise le document du Haut-commissariat.
Au préalable, l’institution avait mis à disposition, en avril 2024, une cartographie des prélèvements, ainsi qu’une étude en janvier dernier sur les tendances de consommation. Ces conclusions reposent sur une analyse croisée des données avec une étude conduite par l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae), nommée Explore 2, concernant la disponibilité de la ressource en eau, publiée l’année précédente.
Promouvoir la « sobriété dans tous les secteurs »
Si la France persiste dans ses pratiques actuelles de gestion de l’eau ou s’en tient aux mesures adoptées récemment, notamment en août, au cœur de l’été, « 90 % des bassins-versants seront alors affectés par la détérioration de la situation hydrique entre 2020 et 2050 », a affirmé Hélène Arambourou, coautrice de l’analyse et ingénieure des Ponts, des eaux et des forêts.
En instaurant une politique radicale, « la dégradation de la situation hydrique pourrait ne concerner qu’environ la moitié des bassins-versants », a-t-elle ajouté.
Pour atténuer les impacts, il serait essentiel d’adopter une sobriété dans tous les secteurs et activités humaines. Dans le domaine agricole, par exemple, Hélène Arambourou mentionne « la nécessité d’une régulation par les autorités du développement des surfaces irriguées, ou la promotion des pratiques agroécologiques qui favorisent le stockage de l’eau dans les sols ».