Prague accuse la Russie de mener une campagne de sabotage coordonnée en Europe
Prague accuse la Russie de mener une campagne de sabotage coordonnée en Europe

Prague accuse la Russie de mener une campagne de sabotage coordonnée en Europe

11.07.2025 18:45
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Le service de renseignement tchèque (BIS) a accusé Moscou de mener une campagne de déstabilisation planifiée à travers l’Europe, via des actes de sabotage, des campagnes de désinformation et des opérations de manipulation psychologique. Dans son rapport annuel publié le 10 juillet, le BIS affirme que la Russie utilise notamment le réseau Telegram pour recruter clandestinement des agents chargés d’actions criminelles, visant à affaiblir les sociétés européennes et leur soutien à l’Ukraine.

Une guerre hybride élargie au cœur de l’Europe

D’après les services tchèques, cette stratégie s’inscrit dans la continuité de la guerre hybride entamée par la Russie en 2014 contre l’Ukraine, qui a évolué ces trois dernières années en une offensive insidieuse sur le sol européen. Le BIS recense une multiplication d’attaques telles que des incendies volontaires de véhicules, de centres commerciaux, de dépôts logistiques ou de logements, mais aussi des actes de vandalisme sur des monuments, voire des agressions ciblées contre des personnalités publiques.

Cette escalade vise à répandre la peur, à miner la confiance dans la capacité des États européens à protéger leurs citoyens et à nourrir la pression intérieure en faveur d’une réduction de l’aide à l’Ukraine. Selon le rapport, les auteurs de ces actes sont souvent inconscients de servir les intérêts du Kremlin : recrutés via Telegram ou des intermédiaires, dont des prêtres liés au Patriarcat de Moscou, ils ne réalisent pas toujours qu’ils participent à une opération d’influence étrangère.

Le clergé orthodoxe et les réseaux d’influence du Kremlin

Le BIS souligne la persistance de l’influence du Patriarcat de Moscou en République tchèque, utilisée comme vecteur d’implantation idéologique. Ce réseau religieux soutient indirectement des opérations clandestines et contribue à maintenir une présence prorusse active dans le pays. Face à cela, la Tchéquie applique depuis 2022 des sanctions nationales ciblées, en plus des mesures européennes, contre des individus proches du pouvoir russe.

Parmi les personnes visées figurent le patriarche Kirillle magnat Vladimir Evtouchenkovle responsable du programme balistique Boris Obnosovle politicien prorusse Viktor Medvedtchouk, ou encore Andreï Averyanov, soupçonné d’être impliqué dans les explosions meurtrières à Vrbětice en 2014. En 2024, une cellule d’agents russes opérant en Tchéquie a été démantelée grâce aux efforts coordonnés de la contre-espionnage national.

La menace d’une escalade terroriste

Des voix s’élèvent dans les cercles de sécurité occidentaux pour alerter sur le risque croissant d’un recours au terrorisme de la part de Moscou. Selon plusieurs analystes, la Russie pourrait viser prochainement des infrastructures critiques telles que les réseaux sous-marins, les systèmes d’alimentation en eau ou les installations énergétiques.

Dans ce contexte, le nouveau secrétaire général de l’OTAN, Mark Rutte, a exhorté les pays membres à « adopter un état d’esprit de guerre », estimant que les démocraties européennes ne peuvent plus se permettre de traiter la guerre comme un phénomène lointain. « La Russie testera systématiquement la résilience de l’OTAN et de l’Union européenne sans entrer dans une confrontation frontale », résume un expert en sécurité.

Appel au renforcement des capacités de détection

Le rapport du BIS recommande enfin un renforcement des mesures de filtrage au sein des communautés migrantes, que les services russes exploiteraient comme vivier de recrutement. En masquant leurs intentions derrière des offres d’emploi anodines ou des liens religieux, les agents russes réussissent à instrumenter des individus vulnérables pour mener des actes de sabotage à faible coût mais à forte portée symbolique.

L’intensification des opérations russes en Europe soulève des questions cruciales sur la sécurité intérieure des États membres de l’UE et la nécessité d’un partage renforcé des renseignements. Pour Prague, l’unité transatlantique et la vigilance systématique demeurent les meilleurs remparts face à une stratégie d’agression sans uniforme, mais profondément organisée.

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