Plus de la moitié des actifs, soit 56 %, ressentent des nuisances sonores au travail, selon un baromètre Ifop réalisé par l’Association nationale de l’audition, à l’occasion de la semaine de la santé auditive, rapporte TopTribune.
Les nuisances sonores sont particulièrement présentes dans l’industrie, les open spaces, les ateliers, ainsi que sur les chantiers et les chaînes de production. Tous les secteurs sont touchés, et seul un bureau fermé permet de réduire significativement la gêne ressentie (42 %). L’âge n’influence pas cette perception, puisque la moyenne de 56 % d’actifs gênés est identique chez les moins de 35 ans et les plus âgés.
En tout, 58 % des actifs estiment que le bruit sur leur lieu de travail peut induire des problèmes tels que l’incompréhension avec les supérieurs, l’agressivité dans les échanges, des tensions ou des conflits au sein des équipes, ainsi qu’un repli sur soi. Ce chiffre monte à 71 % chez les personnes se déclarant particulièrement gênées par le bruit.
Fatigue, stress, difficultés à se concentrer
Par ailleurs, 73 % des actifs rapportent un impact négatif du bruit sur leur santé, dont 52 % subissent des effets audibles. Parmi les personnes gênées par le bruit, 91 % signalent des répercussions sur leur bien-être, dont 67 % affectent leur santé auditive.
Même parmi ceux qui ne ressentent pas de gêne, 50 % constatent des conséquences sur leur santé, dont 33 % concernant particulièrement leur audition. « On observe ainsi une déconnexion entre la perception du bruit, souvent minimisée, et ses réels effets sur la santé », souligne l’Association nationale de l’audition.
Les symptômes souvent rapportés incluent la fatigue, la lassitude et l’irritabilité (59 %), des difficultés de concentration (56 %) et du stress (50 %). Les femmes, les ouvriers ainsi que les personnes aux revenus les plus faibles sont les plus exposés.
Pas suffisamment de prévention
Malgré ces constats, seuls 27 % des actifs ont demandé un équipement de protection individuelle sur leur lieu de travail, 22 % ont subi un test auditif, 21 % ont consulté un médecin, et 21 % ont demandé un équipement de communication approprié. Seulement 11 % ont demandé à changer d’espace de travail, et 8 % à bénéficier d’un arrêt de travail. Selon l’Association nationale de l’audition, « le bruit est souvent perçu comme inhérent au travail, non comme un risque à part entière ».
Du côté des employeurs, l’action semble également insuffisante pour protéger les salariés des nuisances sonores. Un peu plus de la moitié (51 %) des employeurs déclarent avoir proposé au moins une solution, généralement sous forme de protections individuelles contre le bruit, de casques de communication ou d’espaces d’isolement. « Ces résultats suggèrent que la santé auditive reste peu intégrée dans les démarches globales de qualité de vie au travail. La prévention repose principalement sur des équipements individuels, alors que les sources de bruit proviennent souvent de l’organisation des espaces et des communications internes. Ce décalage traduit une approche encore incomplète de la prévention des nuisances sonores », déplore l’Association nationale de l’audition. L’association appelle donc à « une refonte urgente de l’approche du bruit au travail pour mieux protéger les populations les plus vulnérables et réduire les inégalités en matière de prévention santé sécurité ».