À Odessa, comme à Kiev, les dernières annonces d’une proposition de cessez-le-feu de 30 jours avec la Russie sont prises avec beaucoup de prudence après plus de trois ans de guerre.
Les Ukrainiens sont passés par toutes les émotions depuis dix jours : l’humiliation de la Maison Blanche pour Volodymyr Zelensky, le lâchage de Washington et maintenant la reprise des livraisons d’armes et l’esquisse d’un cessez-le-feu.
Pourtant, les bombes pleuvent toujours : une frappe de missile balistique russe sur le port d’Odessa, dans le sud de l’Ukraine, a fait quatre morts et endommagé un cargo, mardi 11 mars, peu après l’accord de l’Ukraine pour une proposition des Etats-Unis en vue d’un cessez-le-feu de 30 jours avec la Russie.
L’armée de l’air ukrainienne a déclaré qu’au total, le Kremlin – silencieux sur la proposition – avait lancé trois missiles contre l’Ukraine au cours de la nuit, ainsi que 133 drones de différents types, y compris des drones d’attaque de type Shahed conçus par l’Iran.
« Comment négocier avec Vladimir Poutine ? »
De quoi laisser sur la réserve les habitants de la station balnéaire des bords de la mer Noire, autrefois réputée pour sa douceur de vivre. La population reste ainsi extrêmement prudente, à l’image de très nombreux Ukrainiens à travers le pays : à chaque fois qu’on interroge les habitants ou même les soldats sur le front sur les propositions de Donald Trump, on obtient un haussement d’épaules. Ils le disent : « Oui, nous, on aimerait bien y croire. On veut d’ailleurs la paix depuis le début. Mais comment négocier avec Vladimir Poutine ? » Ils ont en effet déjà essayé à plusieurs reprises : la guerre, ici, dure depuis 2014 et cela n’a, pour le moment, jamais fonctionné.
À Odessa, les frappes sont quotidiennes. D’ailleurs, les sirènes ont encore résonné dans la ville mercredi matin, d’où la méfiance des Ukrainiens. « On connaît très bien les demandes des Russes de désarmer l’Ukraine, de ne pas entrer dans l’OTAN, de rester un pays neutre, tout ceci… On discute beaucoup sur les réseaux sociaux, donc c’est partout ce sujet-là. Il n’y a presque personne qui croit que les Russes vont arrêter de tirer demain« , souligne ainsi la journaliste ukrainienne, Tetyana Ogarkova sur franceinfo. Cette méfiance des Ukrainiens est également alimentée par les précédents : quand il y a eu des cessez-le-feu dans le Donbass, la partie russe ne les a jamais respectés.
Enfin, autre sujet au cœur de certaines discussions : la « méthode Trump ». Si les Américains présentent ces dernières avancées comme une victoire de la Maison Blanche, vue d’Ukraine, les habitants demandent avant tout à voir : la Russie va-t-elle accepter cette trêve ? La respectera-t-elle ? Les Ukrainiens ont également des doutes sur Donald Trump. Optimistes au moment de sa réélection à Washington, espérant que les choses aller bouger rapidement, ils ne s’attendaient pas, évidemment, au développement qui en suivit avec un alignement des positions des États-Unis sur celle de la Russie ou encore le chantage sur les livraisons d’armes.