Le parquet de Paris a récemment annoncé que des perquisitions ont eu lieu au siège du Rassemblement national à Paris, ainsi que dans les bureaux de plusieurs entreprises et aux domiciles des dirigeants associés à ces sociétés. Cette intervention a été effectuée ce mercredi, au moment où le parquet européen révélait aussi l’ouverture d’une enquête concernant la famille politique du RN, rapporte TopTribune.
Les événements au siège du RN ce mercredi
En fin de matinée, le président du Rassemblement national, Jordan Bardella, a confirmé qu’une perquisition était en cours au siège du parti, orchestrée par une vingtaine de policiers de la brigade financière ainsi que deux juges d’instruction. Il a précisé que tous les courriels, documents et éléments de comptabilité du principal parti d’opposition étaient saisis, sans toutefois que les motifs précis de cette action ne soient établis à ce stade. Bardella a dénoncé ce qu’il qualifie d’« acharnement » à travers un message publié sur X.
Il a également indiqué que la perquisition avait commencé à 8h50 et que l’ensemble des dossiers concernant les récentes campagnes régionales, présidentielles, législatives et européennes se retrouvaient désormais entre les mains de la justice. Selon Bardella, cette situation constitue une atteinte grave au pluralisme politique et à l’alternance démocratique, affirmant qu’« aucun parti d’opposition n’a jamais subi un tel traitement sous la Ve République ».
Les accusations portées contre le Rassemblement national
La perquisition menée par la brigade financière ainsi que par les deux juges s’inscrit dans le cadre d’une enquête sur le financement illicite des campagnes électorales de 2022 et 2024. Les investigations visent à établir si ces campagnes ont été financées par des prêts illégaux de particuliers au profit du parti ou à travers des surfacturations de services ou des factures fictives, qui ont été intégrées dans les demandes de remboursement d’État pour des dépenses de campagne, a expliqué le parquet de Paris.
Cette affaire a été initiée en juillet 2024 suite à un signalement de la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques (CNCCFP). Les prêts consentis aux partis politiques par des particuliers sont légaux, mais doivent respecter des conditions strictes. Christian Charpy, président de la CNCCFP, a indiqué que le RN était le parti s’appuyant le plus sur ce type de financement. En fin d’année 2023, le RN avait plus de 20 millions d’euros à rembourser à des personnes privées, le plus ancien prêt datant de 2007. Charpy a souligné que si ces prêts ne sont pas remboursés, ils pourraient être qualifiés de dons déguisés, ce qui va à l’encontre de la législation électorale.
Les developments au Parlement européen
En parallèle, mardi, le parquet européen a déclaré avoir ouvert une enquête sur la famille politique à laquelle appartient le Rassemblement national, en lien avec diverses irrégularités financières survenues avant 2024 dans le cadre du Parlement européen. Il convient de noter que la perquisition effectuée au siège parisien du RN n’est pas liée à cette enquête européenne.
Pour quelles raisons le parti d’extrême droite est-il dans le collimateur ?
Sur la base d’informations divulguées début juillet, le Rassemblement national, en collaboration avec ses partenaires de l’ex-groupe Identité et Démocratie (ID), est suspecté d’avoir indûment dépensé plus de 4,3 millions d’euros entre 2019 et 2024. Bien que le parti n’ait pas occupé la présidence ou le secrétariat général de cette coalition durant cette période, une partie substantielle de cette somme a été allouée à des sociétés liées à des proches de Marine Le Pen, notamment l’ancien conseiller Frédéric Chatillon et son épouse Sighild Blanc. Il a été rapporté que l’agence de communication e-Politic a reçu 1,7 million d’euros suite à un appel d’offres jugé superficiel, accompagné de graves problèmes de conformité, d’après les inspecteurs européens qui considèrent toutes ces dépenses comme irrégulières.
Unanimement, la société Unanime a perçu plus de 1,4 million d’euros pour des travaux d’impression, dont une part a été sous-traitée à un coût inférieur, entraînant une marge bénéficiaire de 260 000 euros. En réponse à ces accusations, une porte-parole du parquet européen a confirmé l’ouverture d’une enquête, tout en se réservant d’entrer dans les détails pour ne pas compromettre son bon déroulement.