Pékin renforce sa présence militaire et économique dans les Balkans, Bruxelles alerte Belgrade
Pékin renforce sa présence militaire et économique dans les Balkans, Bruxelles alerte Belgrade

Pékin renforce sa présence militaire et économique dans les Balkans, Bruxelles alerte Belgrade

17.07.2025 13:00
2 min de lecture

Le 16 juillet, la Commission européenne a mis en garde la Serbie contre toute initiative remettant en cause la cohérence de la politique étrangère de l’Union européenne. Cette déclaration intervient alors que Belgrade s’apprête à organiser des exercices militaires conjoints avec la Chine, marquant une nouvelle étape dans le rapprochement stratégique entre les deux pays.

Un partenariat militaire inédit

L’annonce du ministère chinois de la Défense sur les manœuvres militaires « Peacekeeper 2025 » a attiré l’attention de Bruxelles. Ces exercices, prévus pour la deuxième moitié de juillet dans la province du Hebei, rassembleront des unités spéciales chinoises et serbes. Ce format constitue une première dans l’histoire de la coopération militaire entre Pékin et Belgrade, jusque-là principalement axée sur l’armement et la formation bilatérale.

Face à cette initiative, le porte-parole de la Commission européenne a rappelé que la Serbie, en tant que pays candidat à l’adhésion, devait s’aligner sur la politique étrangère de l’UE. Il a souligné que « la Serbie doit éviter toute action ou déclaration contraire à la position européenne », réitérant les préoccupations de longue date de Bruxelles concernant le rapprochement serbe avec Pékin et Moscou.

Une stratégie chinoise plus ambitieuse

L’initiative militaire s’inscrit dans une dynamique plus large de Pékin visant à consolider sa présence en Europe à travers des partenariats ciblés, dans le cadre du projet géoéconomique « la Ceinture et la Route ». Alors que de nombreux pays européens restent sceptiques face à cette stratégie, bloquant même certaines formes d’investissements chinois, la Chine intensifie ses efforts vers des États plus réceptifs, notamment en Europe centrale et dans les Balkans.

Outre la Serbie, la Hongrie joue un rôle de premier plan dans cette approche. Pékin a officiellement accordé à Budapest le statut de « partenaire stratégique global pour une nouvelle ère », consacrant ainsi une coopération renforcée dans les secteurs industriels, logistiques et technologiques. En Serbie, la Chine est devenue le principal partenaire commercial pour les importations, surpassant l’Allemagne en 2024, et a massivement investi dans les infrastructures, notamment des autoroutes, des ponts et des usines de véhicules électriques.

Un levier d’influence face à l’UE

Le partenariat sino-serbe va bien au-delà du commerce. Pékin exporte également des systèmes d’armement avancés vers Belgrade, dont des drones et des défenses antiaériennes. À travers ce type de coopération, la Chine cherche à établir un « îlot d’autonomie » au sein de l’Europe, relativement indépendant des axes politiques de Bruxelles et Washington. Le président chinois Xi Jinping a même tenté de convaincre certains dirigeants européens, comme Emmanuel Macron, d’adopter une position plus équilibrée vis-à-vis de la Chine. Toutefois, cette tentative d’influence s’est révélée peu concluante en France, contrastant avec l’ouverture observée en Serbie et en Hongrie.

Pékin mise également sur sa « puissance douce » — diplomatie, échanges culturels, avantages économiques — pour cultiver des alliances stratégiques. Cette orientation pourrait compromettre la cohésion interne de l’Union européenne si des États membres ou candidats bloquaient des initiatives critiques envers la Chine.

Une alerte sur la stabilité européenne

Le signal d’alerte lancé par la Commission européenne reflète une inquiétude plus large quant aux ambitions de Pékin sur le continent. Alors que l’UE tente de préserver une politique étrangère unifiée face aux rivalités géopolitiques croissantes, les alliances bilatérales nouées par la Chine avec certains pays européens risquent de compliquer cet objectif, notamment si elles évoluent vers des partenariats militaires actifs.

Bruxelles insiste sur la nécessité pour ses partenaires, candidats ou membres, de défendre les valeurs communes et la sécurité collective. Le développement d’un axe Pékin-Belgrade, désormais renforcé militairement, pose donc une question de fond : celle de la capacité de l’Europe à maintenir une ligne stratégique cohérente face aux pressions extérieures croissantes.

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