"Peer Gynt" au théâtre du Châtelet : Olivier Py illumine l'œuvre d'Ibsen
"Peer Gynt" au théâtre du Châtelet : Olivier Py illumine l'œuvre d'Ibsen

« Peer Gynt » au théâtre du Châtelet : Olivier Py illumine l’œuvre d’Ibsen

12.03.2025
2 min de lecture

Le dramaturge signe avec cette pièce-opéra une mise en scène flamboyante, portée par un Bertrand de Roffignac bluffant de générosité et de présence. À l’applaudimètre, la « tradaptation » d’Olivier Py rencontre un grand succès.

Olivier Py a vu dans l’œuvre d’Ibsen, présentée au théâtre du Châtelet jusqu’au 16 mars, un opéra chanté-parlé. À l’origine, en 1867, Peer Gynt est conçu comme un Lesedrama (un texte pensé pour être lu) et n’était pas destiné à la scène. Il devient un spectacle vivant quand Henrik Ibsen propose à son compatriote Edvard Grieg d’en composer la musique une dizaine d’années plus tard.

Devenue une pièce de théâtre, elle est jouée pour la première fois le 24 février 1876, à Oslo (alors Christiania), et rencontre un franc succès.

Le directeur du théâtre du Châtelet, Olivier Py, a décidé de « tradapter », selon son propre néologisme, « un mélange d’adaptation respectueuse et de traduction fidèle », le texte d’Ibsen. Résultat : un spectacle exubérant et jubilatoire.

Porté par un Bertrand de Roffignac bluffant de générosité et de présence dans le rôle-titrele chef-d’œuvre d’Henrik Ibsen version Olivier Py insuffle toute l’énergie possible. Il y a une forme d’euphorie autour de cette pièce tragi-comique. À l’applaudimètre, la « tradaptation » du maître des lieux a enthousiasmé le public.

« Sois toi-même ! »

Quelle est l’histoire de Peer Gynt ? C’est un voyage initiatique d’un homme un peu fou, un peu naïf, un peu salaud, un philosophe bouffon plein d’idéal et d’égoïsme qui se lance dans une grande aventure en quête d’une identité qui lui permettrait d’être lui-même. Il fuit amours et responsabilités. En explorant les lointaines contrées, le jeune Norvégien découvre sa propre personne.

Peer Gynt est un antihéros excessif et radical qui vit des expériences dont il est à la fois victime et responsable, dans le rire et la douleur. La destination est aussi importante que le chemin qui y mène. « Le questionnement éthique est donc au centre de l’œuvre, mais Ibsen se garde de tirer la moindre conclusion moralisante », explique Olivier Py (Peer Gynt, Actes Sud).

Scène de "Peer Gynt" au théâtre du Châtelet. (VAHID AMANPOUR)
Scène de « Peer Gynt » au théâtre du Châtelet. (VAHID AMANPOUR)

Sur le plateau, le spectacle s’expose sur trois plans : en fond de la scène, l’Orchestre de chambre de Paris, derrière lui un grand écran animé par quelques vidéos et une toile à travers laquelle on perçoit des ombres se mouvoir, tandis que le devant de la scène accueille les comédiens dont évidemment Bertrand de Roffignac. Quelques fois, les artistes s’expriment sur deux niveaux grâce à des trouvailles scéniques pleines d’ingéniosité. Et l’on assiste à un défilé de tableaux, à l’esthétique prononcée. L’un des points culminants qui rendent compte de la richesse de cette œuvre réside dans une scène marquante dans l’asile psychiatrique du Caire.

Le voyage entrepris par Peer Gynt à travers le monde le mène très loin. Jusqu’à lui-même. Avec Peer Gynt, Olivier Py signe une œuvre d’une réussite totale. Indispensable.

Peer Gynt, Henrik Ibsen, adaptation d’Olivier Py, Actes Sud, 14 euros

La fiche

Livret : Henrik Ibsen

Musique : Edvard Grieg

Adaptation, traduction et mise en scène : Olivier Py

Direction musicale : Anu Tali

Distribution : Bertrand de Roffignac, Damien Bigourdan, Clémentine Bourgoin, Pierre-Antoine Brunet, Raquel Camarinha, Céline Chéenne, Emilien Diard-Detœuf, Marc Labonnette, Justine Lebas, Sévag Tachdjian et Hugo Thery.

Langue : français (parties chantées en français et en anglais / parties parlées en anglais)

Durée : 3h40

Dates : jusqu’au 16 mars 2025

Lieu : théâtre du Châtelet(Nouvelle fenêtre), 1 place du Châtelet, 75001 Paris

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