En France, en 2021, 14,3 % des citoyens vivaient en dessous du seuil de pauvreté, selon la Drees. Ce pourcentage a grimpé à 15,4 % en 2023, un chiffre sans précédent depuis que l’Insee enregistre ces données depuis 1996. En plus des 9,8 millions de personnes considérées comme pauvres, le pays abrite également une large proportion de ménages modestes, représentant 12,6 % de la population, rapporte TopTribune.
Pauvreté en hausse : seuils et dynamiques nationales
Le seuil de pauvreté en France est établi à 60 % du revenu médian. En 2021, ce montant était de 1 136 euros par mois pour une personne seule. Le seuil pour les ménages modestes, défini à 75 % du revenu médian, était de 1 420 euros.
Entre 2022 et 2023, environ 650 000 Français supplémentaires ont franchi le seuil de pauvreté, selon l’Insee. Le taux national a atteint 15,4 %, marquant ainsi son niveau le plus élevé en près de trois décennies. Parallèlement, la catégorie des ménages modestes s’est élargie : 12,6 % des Français vivent avec des revenus oscillant entre 1 140 et 1 420 euros par mois. En somme, plus d’un quart de la population française appartient désormais aux catégories pauvres ou modestes, ce qui équivaut à près de 18 millions de personnes.
Des profils contrastés : jeunes, familles monoparentales et chômeurs en première ligne
La pauvreté présente des visages multiples. Les familles monoparentales sont particulièrement vulnérables : 39 % d’entre elles vivaient sous le seuil de pauvreté en 2021, tandis que la moyenne dans l’Union européenne était de 33 %. Les charges liées aux enfants et l’unique revenu rendent ces foyers particulièrement exposés. Les familles nombreuses subissent également cette tendance : 23 % de leurs membres sont pauvres et 22 % modestes.
Les jeunes constituent une autre population à risque. D’après la Drees, 13 % des pauvres en France ont entre 17 et 24 ans. Les étudiants, souvent dans l’obligation de travailler à temps partiel ou de dépendre d’aides familiales limitées, sont bien représentés dans ce groupe. Quant aux demandeurs d’emploi, ils connaissent un taux de pauvreté élevé : 40 % sont dans cette situation, et 19 % se classent comme modestes. Un chômage de longue durée, plus courant qu’il n’y paraît, altère considérablement leurs ressources. De plus, les immigrés en provenance de pays hors de l’Union européenne sont touchés deux fois plus souvent que les Français de souche, ce qui illustre les discriminations sur le marché de l’emploi et les conditions précaires d’emploi.
Retraités et ménages modestes : entre protection et fragilité
Globalement, les retraités semblent mieux protégés que certaines autres catégories sociales. En 2021, seulement 10,2 % d’entre eux vivaient sous le seuil de pauvreté. Ce chiffre relativement bas s’explique par un système de retraite qui garantit un taux de remplacement des pensions supérieurs à 70 %. Cependant, la précarité n’est pas absente : 14,3 % des retraités en France se trouvent dans la catégorie des ménages modestes, avec des revenus légèrement au-dessus du seuil de pauvreté, mais insuffisants pour couvrir toutes les dépenses liées au logement, à la santé ou aux coûts énergétiques.
Les ménages modestes prennent une place de plus en plus importante dans le débat social. Avec 12,6 % de la population, ils illustrent la réalité de millions de Français qui travaillent, mais dont les revenus demeurent limités. Ces ménages subissent de plein fouet l’augmentation des prix de l’alimentation et de l’énergie. Bien qu’ils ne soient pas classés comme pauvres, leur pouvoir d’achat reste restreint, les rapprochant de fait des conditions de vie des plus défavorisés.