Partir en guerre ou opter pour la négociation ? Les incertitudes de Donald Trump face au conflit Israël-Iran et la situation précaire du régime iranien.

Partir en guerre ou opter pour la négociation ? Les incertitudes de Donald Trump face au conflit Israël-Iran et la situation précaire du régime iranien.

17.06.2025
3 min de lecture

En l’espace de quelques heures, lundi 16 juin, Donald Trump a mis en lumière l’incertitude qui entoure ses intentions quant au conflit qui oppose Israël et l’Iran. Au matin, il affirmait sur son réseau social Truth Social qu’un « accord » serait trouvé entre les deux nations. Cependant, quelques heures plus tard, son message prenait une tournure alarmante, exhortant les habitants de Téhéran à « fuir pour sauver leur vie », tout en quittant précipitamment le G7 sans donner d’explications, rapporte TopTribune.

L’ambiguïté des déclarations de Trump a également été présente dans les heures suivantes. À bord d’Air Force One, il a d’abord envisagé de mandater son envoyé spécial pour le Moyen-Orient, Steve Witkoff, ainsi que son vice-président, J. D. Vance, pour engager des discussions avec des responsables iraniens. Il a ensuite fait marche arrière, déclarant qu’il « n’était pas particulièrement d’humeur à négocier » avec Téhéran.

Suite à plusieurs jours de bombardements intensifs entre Israël et l’Iran, Donald Trump continue d’envoyer des signaux contradictoires. Il semble évaluer deux scénarios : s’engager militairement en Iran aux côtés d’Israël pour infliger un coup dur au programme nucléaire iranien, ou privilégier une solution pacifique en optant pour un cessez-le-feu.

L’image de faiseur de paix mise à mal

Ce conflit récent au Moyen-Orient perturbe indéniablement les ambitions diplomatiques de Trump. Depuis son retour à la présidence, il cherche à se présenter comme un « faiseur de paix ». Cependant, malgré des mois de tentatives de négociation, la guerre en Ukraine stagne et les bombardements sur Gaza se poursuivent chaque jour.

Face à l’éventualité d’une escalade dans la région, il n’est pas surprenant que Trump veuille maintenir l’image d’un pacificateur. « L’Iran et Israël devraient parvenir à un accord, et ils y parviendront », a-t-il déclaré dimanche, tout en revendiquant ses mérites : « Tout comme j’ai réussi à convaincre l’Inde et le Pakistan. » Il a ajouté : « Je fais beaucoup et on ne me donne jamais le crédit pour cela, mais ce n’est pas grave, les gens comprennent, redonnons au Moyen-Orient sa grandeur ! »

Cette même logique pourrait avoir poussé Trump à s’opposer à l’élimination de l’ayatollah Ali Khamenei. Des sources américaines ont rapporté que les autorités israéliennes avaient alerté les États-Unis au sujet d’une opération en cours pour éliminer le leader suprême iranien, ainsi que plusieurs responsables militaires et scientifiques. La Maison Blanche aurait clairement signifié que Trump s’opposait à cette démarche.

Il est à noter que si Khamenei venait à décéder, les perspectives d’un accord concernant le programme nucléaire et la paix avec Israël se réduiraient considérablement. À 86 ans, le religieux demeure le personnage central du pouvoir à Téhéran et le seul capable d’imposer une paix durable.

Appels du pied de Netanyahu

Parallèlement, Trump doit naviguer entre ces dynamiques tout en répondant aux sollicitations de son allié israélien, qui l’incite à s’impliquer dans le conflit.

Lors d’une interview sur Fox News dimanche, Benjamin Netanyahu a multiplié les plaidoyers, allant jusqu’à accuser l’Iran d’avoir tenté d’assassiner Trump à deux reprises. « Ils veulent le tuer… Ils comprennent que le président Trump constitue une menace sérieuse pour leurs projets nucléaires », a-t-il affirmé.

Quelques semaines après deux tentatives d’assassinat contre Trump durant la campagne électorale, les services de renseignement américains avaient mis en garde contre un complot potentiel orchestré par l’Iran. Néanmoins, ces tentatives n’ont jamais été établies en lien avec la République islamique, et aucun lien n’a été découvert lors de l’enquête.

Pour l’heure, les États-Unis semblent garder une posture défensive, avertissant l’Iran de toute agression visant les intérêts américains. « Nous répondrons avec force, sans retenue, » a averti Trump, en ajoutant cependant que Téhéran « sait qu’il n’est pas sage de s’en prendre à nos soldats ».

Pourtant, il continue de démentir toute implication dans le conflit, malgré les accusations répétées des représentants iraniens suggérant que Washington serait complice des frappes israéliennes. Le représentant de Téhéran à l’ONU, Amir Saeid Iravani, a déclaré que la complicité de l’administration américaine dans les attaques israéliennes ne fait « aucun doute », selon Reuters.

Washington a admis prendre part à la défense d’Israël, une mesure déjà prise deux fois sous la présidence Biden en 2024. Trump a également annoncé l’envoi de renforts navals, avec le porte-avions USS Nimitz en direction du Moyen-Orient.

Cependant, Benjamin Netanyahu espère un soutien offensif. Les États-Unis, possédant la bombe antibunker GBU-57, détiennent l’unique capacité à frapper les profondeurs du site nucléaire de Fordo, clé du programme iranien.

Des divisions dans les rangs Maga

Déchiré entre la volonté d’agir en tant que faiseur de paix et celle de soutenir Israël, Trump fait face également à des dissensions au sein de son propre camp. Si certains de ses partisans pressent le président d’intervenir contre les installations nucléaires iraniennes, d’autres le critiquent, le prévenant de ne pas entraîner les États-Unis dans une nouvelle guerre.

« Si Israël a besoin de notre aide pour anéantir le programme nucléaire iranien, alors les États-Unis doivent être prêts, » a plaidé l’ancien vice-président Mike Pence.

« Si la diplomatie échoue et que nous n’avons d’autre choix que la force, j’exhorte le président Trump à garantir que, suite à cette opération, il ne reste plus rien du programme nucléaire iranien », a ajouté le sénateur Lindsey Graham</a

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