
Le 11 septembre 2025, Trenitalia a lancé une initiative marquante en France en proposant des billets Paris-Lyon à partir de 23 euros, accessibles dès le 15 septembre pour des voyages à compter du 14 décembre. De plus, l’opérateur italien augmente son offre avec 14 allers-retours quotidiens, par rapport à 9 précédemment. Cette démarche représente un tournant dans la concurrence ferroviaire en France, soulevant des questions sur la capacité de la SNCF à protéger sa position sur son axe le plus lucratif, rapporte TopTribune.
Paris-Lyon à 23 euros : une stratégie d’implantation agressive
Trenitalia concentre sa stratégie sur la ligne Paris-Lyon, véritable colonne vertébrale de l’infrastructure ferroviaire française. En proposant des billets à un prix de départ de 23 euros, la société italienne adopte une démarche concurrentielle basée sur le tarif, contraste frappant avec la tarification dynamique souvent critiquée de la SNCF pour son manque de transparence.
Cette stratégie vise à s’implanter fermement sur le marché en rendant l’offre accessible et identifiable, même si les quantités disponibles à ce tarif sont relativement limitées. En pratique, un trajet Paris-Lyon à 23 euros se révèle inférieur au coût moyen d’un voyage en covoiturage et largement en dessous des prix habituellement pratiqués sur les TGV de la SNCF, où les billets dépassent fréquemment 50 euros lors des périodes de forte demande.
En plus du prix attractif, Trenitalia mise également sur son image de marque, cherchant à positionner ses Frecciarossa comme un symbole de qualité et d’accessibilité. L’offre s’étend à d’autres lignes, avec des billets à 27 euros pour Paris-Marseille et 35 euros pour Paris-Milan, ce qui renforce une tarification cohérente et offensive.
Un duel frontal avec la SNCF sur un axe stratégique
La SNCF conserve un avantage structurel avec 24 allers-retours quotidiens entre Paris et Lyon. Toutefois, l’expansion de Trenitalia vient réduire cet écart. Avec ses 14 rotations, l’opérateur italien atteint une masse critique capable d’influencer le partage du marché.
Cette confrontation entre les deux entreprises révèle des approches opposées. La SNCF met l’accent sur une forte fréquence, un réseau étendu et une tarification modulée par la demande, ce qui optimise ses recettes mais peut dissuader certains clients sensibles aux prix. En revanche, Trenitalia privilégie une approche claire et agressive en matière de prix, bien qu’elle puisse réduire ses marges à court terme.
La fréquentation des trains Trenitalia a évolué de 40 % entre 2023 et 2024, justifiant ainsi l’accroissement de ses capacités. Cette croissance rapide prouve qu’il existe un marché en attente d’offres alternatives, en particulier sur les liaisons les plus rentables.
La concurrence ferroviaire, catalyseur de transformation du marché
La stratégie offensive de Trenitalia démontre l’impact réel du quatrième paquet ferroviaire européen, qui oblige à ouvrir les lignes domestiques à la concurrence. En se positionnant sur Paris-Lyon, puis sur Paris-Marseille, Trenitalia illustre que la libéralisation du marché n’est plus une simple théorie mais une réalité opérationnelle.
Les implications pour le marché français sont multiples. D’une part, cette pression concurrentielle pousse la SNCF à reconsidérer sa stratégie commerciale, tant en termes de prix que de services. D’autre part, cette situation ouvre la voie à d’autres acteurs, comme Renfe, qui a déjà exprimé son intérêt pour certaines liaisons.
À long terme, les attentes incluent une réduction structurelle des prix moyens ainsi qu’une diversification des services, comparable à ce qui a été observé dans le secteur aérien après l’arrivée des compagnies à bas coûts. Cependant, la rentabilité du modèle pour les nouveaux entrants reste à démontrer, ceux-ci devant faire face à des coûts d’accès élevés au réseau et à des marges serrées.
Vers une recomposition du paysage ferroviaire français
L’évolution de Trenitalia remet en question la structure traditionnelle du marché ferroviaire français, souvent perçu comme un bastion de la SNCF. En ciblant des segments clés de son offre, l’opérateur italien cherche à se positionner comme un acteur essentiel plutôt qu’un simple concurrent de deuxième ordre.
Cette recomposition pourrait bien transformer les habitudes de mobilité. Les comparaisons avec les transports automobile et aérien laissent déjà entrevoir des ajustements : un tarif de 23 euros pour le trajet Paris-Lyon redéfinit le train comme le mode de transport le plus compétitif, tant par son coût que par sa rapidité. Si cette tendance se maintient, elle pourrait modifier durablement l’équilibre entre les divers modes de transport longue distance en France.