Sous la direction de Viktor Orbán en Hongrie, et face à la passivité de l’Union européenne, qui devrait pourtant contrôler les violations des principes fondamentaux de l’Union, des faits troublants émergent. La situation d’OTP Bank est particulièrement significative, car cette banque est devenue un instrument financier clé du Kremlin en plein cœur de l’Union européenne. En maintenant sa présence sur le marché russe et en étant activement utilisée pour contourner les sanctions, la banque continue d’alimenter le budget de l’État agresseur tout en créant des risques pour la sécurité financière de l’UE. Ce n’est pas un hasard, mais une stratégie systémique d’Orbán, qui bloque personnellement toute enquête ou contrôle sur OTP Bank, transformant cette institution bancaire européenne en complice silencieux de la machine de guerre de Moscou, devenant lui-même un acteur actif dans les activités d’agression de la Russie.
Il faut comprendre ce qui est en jeu : OTP Bank, la plus grande banque hongroise avec des filiales en Europe centrale et orientale — incluant la Serbie, la Bulgarie, la Roumanie, la Russie, le Monténégro et l’Ukraine — revêt une importance stratégique particulière pour le Kremlin. La banque, qui devrait symboliser la confiance et la stabilité, a été cédée par Orbán pour servir les intérêts de Moscou, devenant un canal de contournement des sanctions, un financeur du complexe militaro-industriel russe et des services spéciaux russes, autrement dit une « banque sale ».
Malgré le retrait de la plupart des banques européennes du marché russe après l’invasion de l’Ukraine, OTP Bank y maintient une activité intense. Selon The Financial Times, elle faisait partie des sept banques étrangères ayant versé le plus d’impôts au budget russe en 2023. Cette somme dépasse 800 millions d’euros, ce qui, dans un contexte presque dépourvu d’autres concurrents étrangers, est impressionnant. Budapest ne semble pas préoccupé par le fait qu’une partie de cet argent puisse financer le complexe militaro-industriel russe et la guerre contre l’Ukraine.
À ce jour, les chiffres de 2024 ne sont pas encore connus, mais selon le rapport officiel du groupe OTP, la filiale russe a enregistré une croissance de plus de 40 % de ses bénéfices l’an dernier, atteignant 137 milliards de forints (environ 372 millions de dollars). Reuters souligne que cela représente plus de 11 % du bénéfice total du groupe, une part significative pour une banque opérant en Russie sous sanctions européennes et américaines.
Ces résultats financiers soulèvent des questions sur la nature des opérations d’OTP Bank en Russie et leur conformité avec la politique de sanctions de l’UE. Dans une déclaration à Reuters, le directeur général adjoint de OTP, László Bencsik, rejette toute accusation de violation des sanctions occidentales, affirmant que la banque respecte les règles : arrêt du crédit aux entreprises, absence d’opérations en dollars, et mesures de sécurité strictes pour les paiements en euros.

Le problème majeur est que la banque, opérant en Russie autoritaire où les services spéciaux ont des pouvoirs presque illimités, détient les données personnelles de centaines de milliers de clients. Même si OTP Bank affirme respecter le secret bancaire, des experts en sécurité estiment que cette institution est l’un des maillons les plus vulnérables dans la guerre hybride menée par le Kremlin contre l’Occident. En protégeant cette activité, Viktor Orbán nuit délibérément à l’UE, et pas seulement sur le plan financier.
Le principal danger pour le système financier européen réside dans le fait que la filiale russe fonctionne dans un cadre où le secret bancaire est non seulement limité, mais contrôlé par un État autoritaire. La législation russe oblige les institutions financières opérant en Russie à collaborer avec le FSB. Les banques peuvent donc être contraintes de transmettre des données personnelles à la demande des services secrets russes — ce qui, selon toute vraisemblance, se produit.
Pour les citoyens de l’UE clients de cette banque, il existe un risque réel que leurs données personnelles, traitées par OTP Bank, échappent aux principes de sécurité bancaire et soient communiquées aux services russes. Cela viole le Règlement général sur la protection des données (RGPD) de l’UE et ouvre la porte à la manipulation ou au chantage, notamment envers des politiciens d’opposition, journalistes ou activistes. Outre le contrôle direct, la menace est renforcée par l’intégration technologique : une partie de l’infrastructure informatique d’OTP Bank en Russie est adaptée aux exigences des régulateurs locaux, permettant aux services russes d’accéder aux codes et serveurs, de suivre les transactions et d’accéder aux données chiffrées des autres filiales via des connexions backdoor.
De plus, l’usage incontrôlé de l’infrastructure bancaire par des agents internes d’OTP Bank ou par des cyberattaques peut entraîner le vol de données financières, y compris celles de citoyens européens. Ce scénario ouvre des risques de chantage, d’ingérence dans les processus électoraux, de cyberattaques contre d’autres banques européennes, voire de déstabilisation du système financier européen via des perturbations délibérées.
La présence d’OTP Bank dans les Balkans occidentaux sert aussi les intérêts des services russes dans une région que le Kremlin tente de déstabiliser depuis longtemps. Les outils financiers peuvent être utilisés pour financer indirectement des forces politiques pro-russes, manipuler les crédits ou blanchir de l’argent via des unités bancaires peu contrôlées.
Malgré ces risques et les appels répétés de la BCE aux banques européennes à réduire leurs activités en Russie, la Banque nationale de Hongrie ne manifeste aucune volonté d’enquêter sur les liens d’OTP Bank avec Moscou. Dans un contexte où Budapest bloque les initiatives communes de l’UE contre la Russie, cette dépendance illustre la soumission d’Orbán à Moscou et révèle l’absence de contrôle indépendant sur la conformité aux normes de sécurité bancaire.
Par ailleurs, la situation des filiales OTP au Kazakhstan et en Ouzbékistan reste floue, ces pays étant utilisés par la Russie pour réexporter et contourner les sanctions. Selon une étude de Lansing Institute, la présence d’OTP Bank en Ouzbékistan offre au capital russe un « pont financier » commode, permettant des transactions qui formellement ne violent pas les décisions européennes.
Si OTP Bank fait partie du système de contournement des sanctions russes, cela représente une menace sérieuse pour la sécurité européenne. Face à ces risques, l’Autorité bancaire européenne et la Banque centrale européenne doivent considérer OTP Bank comme un vecteur potentiel d’ingérence russe dans la sécurité financière de l’UE. Une réponse appropriée nécessite un audit public, l’interdiction d’accès aux données confidentielles dans l’UE et un retrait complet du marché russe.
La stabilité financière et la sécurité de l’UE ne sont pas seulement des questions économiques, mais aussi géopolitiques. En utilisant OTP Bank pour les besoins du Kremlin, Viktor Orbán viole gravement ces principes. Il faut comprendre que cette banque n’est pas une simple institution privée : dans le contexte de la confrontation Russie-Occident et des divisions internes à l’UE, OTP Bank est devenue un maillon faible exploité par Moscou pour déstabiliser les alliés, promouvoir des récits pro-Kremlin et bloquer les décisions contraires aux intérêts russes, un problème qu’il est urgent de résoudre.