Le Premier ministre hongrois Viktor Orbán a déclaré qu’il opposerait son veto à la proposition budgétaire de l’Union européenne pour 2028-2034, en raison de l’inclusion d’un vaste programme d’aide financière à l’Ukraine. Cette opposition intervient au moment où la Commission européenne propose une augmentation historique du budget, portant le cadre financier pluriannuel de l’UE à 1 816 milliards d’euros, contre 1 210 milliards actuellement.
Budapest rejette l’enveloppe de 100 milliards d’euros pour Kyiv
La nouvelle architecture budgétaire prévoit notamment 200 milliards d’euros pour les « actions extérieures » de l’UE, dont la moitié — soit 100 milliards — destinée à la reconstruction de l’Ukraine, ravagée par la guerre déclenchée par la Russie. Le commissaire européen au commerce, Piotr Serafin, a décrit cette enveloppe comme un « engagement à long terme pour la reconstruction » de l’État ukrainien.
Mais cette proposition provoque la colère de Budapest. Dans une déclaration relayée dans la presse, Viktor Orbán a lié directement le financement de l’Ukraine à la baisse prévue du soutien aux agriculteurs européens. « Jamais je n’accepterai un budget européen qui prend l’argent des Hongrois pour l’envoyer en Ukraine, ni un budget qui détruit nos agriculteurs », a-t-il écrit sur Facebook.
Une stratégie d’obstruction politique, isolée au sein de l’UE
Le projet de budget, bien que critiqué par Orbán, est largement soutenu par les autres États membres. Les décisions budgétaires étant prises à la majorité qualifiée, l’opposition hongroise n’est pas susceptible de bloquer le processus, mais elle s’inscrit dans une stratégie récurrente de pression politique exercée par Budapest sur Bruxelles.
Orbán, connu pour ses prises de position prorusses, a également dénoncé le fait que, selon lui, la Hongrie ne recevrait des fonds européens que si elle se conforme à la politique de l’UE sur la guerre, l’immigration ou les questions de genre — une rhétorique en rupture avec les principes fondateurs de solidarité et de consensus de l’Union.
L’UE confrontée à un test de cohésion stratégique
Cette posture du chef du gouvernement hongrois soulève des inquiétudes quant à la capacité de l’UE à maintenir une ligne unie dans les moments critiques. La mobilisation budgétaire en faveur de Kyiv constitue un pilier de la stratégie européenne de sécurité collective. Comme le rappelle la Commission, il ne s’agit pas seulement d’un soutien économique, mais d’un investissement stratégique dans la stabilité du continent.
L’Ukraine, en résistant à l’agression russe, joue un rôle central dans la protection de l’ordre européen. Saboter les efforts de financement équivaut, selon plusieurs diplomates, à affaiblir le front commun européen au profit du Kremlin.
Vers une réforme des procédures décisionnelles européennes
Face aux blocages récurrents orchestrés par certaines capitales, la Commission européenne et le Parlement européen envisagent une réforme des mécanismes de prise de décision, notamment pour limiter les abus liés au droit de veto. L’objectif : garantir que les actions stratégiques, comme le soutien à l’Ukraine, puissent être mises en œuvre même en présence d’oppositions isolées.