Le tournant autocratique du Premier ministre Benyamin Nétanyahou a fini de convaincre certains Israéliens de s’expatrier.
Le cabinet du Premier ministre israélien doit se réunir dimanche 23 mars pour destituer la procureure générale Gali Baharav-Miara. Après le limogeage suspendu par la Cour suprême du patron des services secrets intérieurs, Ronene Bar, c’est une étape de plus dans la volonté du gouvernement de neutraliser tous les contre-pouvoirs. Un tournant autocrate qui a fini de convaincre des Israéliens de quitter le pays et s’installer à l’étranger.
Les trois enfants de Jennifer, franco-israélienne, sont scolarisés ; elle attendra donc la fin de l’année pour partir. Jennifer et son mari ont choisi de s’installer au Portugal. « En tant qu’Israéliens, on n’est pas bienvenus partout et c’est un vrai sujet de se dire où on peut amener nos enfants et où ils peuvent dire qu’ils viennent d’Israël », confie-t-elle.
Guerre, radicalisation et inflation
Le couple a quitté la France pour l’Etat hébreu il y a 13 ans, les enfants sont nés et ont grandi en Israël. Mais depuis des semaines, Jennifer ne reconnaît plus vraiment le pays qu’elle avait choisi. « On a une perte totale de confiance en nos dirigeants qui font des choix avec lesquels on n’est absolument pas à l’aise : des budgets qui sont mis dans l’éducation religieuse et pas dans l’éducation séculaire, aussi les choix politiques et la manière dont est menée cette guerre. »
Et puis il y a la guerre, omniprésente depuis le massacre du 7 octobre et qui est violemment entrée dans la vie de la famille. « Quand on a un enfant de 10 ans qui nous parle des soldats qui partent au front qui ont tout juste 18 ans, qui n’ont rien vécu et qui nous dit qu’il ne veut pas grandir comme ça, ça fait réfléchir. Quand on parle d’otages, d’otages libérés, qu’il nous demande si les enfants otages sont otages avec leurs parents, ce sont des choses qui les travaillent. Mes enfants ont perdu, comme tous les enfants ici, leur naïveté beaucoup trop jeunes », déplore la mère de famille.
Le coût de la vie est la dernière raison qui a poussé Jennifer à l’exil. En 2022, les prix des biens courants en Israël étaient près de 40% plus élevés que la moyenne des pays de l’OCDE.