Alors que la trêve a permis à des Palestiniens de retrouver leurs maisons après plus de 15 mois de guerre, les sentiments des Gazaouis sont partagés entre joie et inquiétude face à l’ampleur de la tâche de reconstruction qui les attend.
Pour les Gazaouis, le dimanche 19 janvier, premier jour d’une trêve fragile, était un mélange de sentiments mitigés. D’une part, une joie intense de ne plus entendre les drones, ni les avions et les bombardements israéliens et de ne plus avoir à compter ses morts. D’autre part, le désespoir de constater l’étendue des dégâts, la dévastation de l’enclave côtière. Franceinfo a pu joindre des habitants par téléphone de retour dans le nord de Gaza.
Il y a ceux qui ont embrassé la terre d’émotion, ceux qui ont décidé d’installer leur tente sur les décombres de leur maison, mais aussi des Gazaouis qui préfèrent attendre encore un peu avant de revenir chez eux afin de pouvoir le faire sur une route déblayée. Fouad, lui, s’est pressé pour aller constater les dégâts dans le nord de Gaza où il vivait avant la guerre. « On est arrivé ici dès l’aube, à 6h pour voir ce qu’il restait. C’est une destruction massive et sans précédent », raconte-t-il.
« Franchement, on ne sait même plus où on est, plus de maisons, plus d’infrastructures, plus rien, nous n’avons plus aucun repère. »Fouad
à franceinfo
Pour ce premier jour de cessez-le-feu, d’autres cherchaient en vain leurs proches disparus, parfois depuis des mois. « Autour du 15 juillet, on a appris que ma sœur avait été tuée, ici », raconte Jenna. Elle a appris que sa maison avait été bombardée et qu’elle s’était écroulée avec sa sœur à l’intérieur, accompagnée de son mari et son enfant, tous enterrés vivants, sous les décombres.
« C’est indescriptible la destruction subie par le peuple palestinien. Nos vies ont été détruites. »Jenna
à franceinfo
« Il nous faudra plus de vingt ans pour espérer revenir au niveau d’avant, pour revenir à la normale. Il n’y a plus de vie, pas d’eau, pas d’électricité, qu’allons-nous bien pouvoir reconstruire ici ? Que va-t-on faire ? », interroge-t-elle. Lors des précédentes guerres, la reconstruction avait pris des années, se souvient Jenna, alors pour cette dernière, elle n’ose même pas imaginer.