« Ne laissez pas notre espoir s’éteindre : après l’affaire Nour Attaalah, des Gazaouis dénoncent la punition collective résultant du gel des... »

« Ne laissez pas notre espoir s’éteindre : après l’affaire Nour Attaalah, des Gazaouis dénoncent la punition collective résultant du gel des… »

07.08.2025 13:14
3 min de lecture

La situation délicate des étudiants gazaouis en France

À la suite de la controverse suscitée par l’étudiante Nour Attaalah, le Quai d’Orsay a pris la décision de suspendre l’accueil de nouveaux Gazaouis. Les espoirs d’entrée sur le territoire français pour de nombreux jeunes se sont évanouis, tandis que ceux déjà présents dans le pays craignent des conséquences indésirables, rapporte TopTribune.

Le jeune Bilal*, âgé de 22 ans, se trouve dans une situation précaire. Il se sent « incapable de bouger ou de parler » après avoir perdu toute perspective d’échapper à « l’enfer » de Gaza. Il avait prévu de rejoindre Paris à la fin août pour poursuivre des études de médecine après avoir rassemblé la somme nécessaire pour son visa et trouvé un logement temporaire. Cependant, cette vision d’un avenir meilleur s’est effondrée le 1er août avec l’annonce du gel des évacuations, qu’il a qualifié de « véritable déchirement ». Il se sent piégé dans la « tragédie humaine » de Gaza.

Face à cette crise, le ministère français des Affaires étrangères a suspendu toutes les procédures d’accueil afin de clarifier une situation délicate : comment Nour Attaalah, qui a exprimé des idées antisémites sur les réseaux sociaux, a-t-elle pu entrer en France? Une enquête a été lancée. Pendant ce temps, Attaalah a quitté le pays pour le Qatar le dimanche suivant.

La question demeure : combien de Gazaouis comme Bilal ont vu leur espoir s’effondrer avec cette annonce? Le Quai d’Orsay n’a pas fourni de chiffres exacts, de même que le ministère de l’Enseignement supérieur, qui soutient les étudiants et chercheurs de Gaza en France. Selon le collectif des avocats France-Palestine, environ 40 personnes, y compris des familles avec enfants, étaient attendues dans les semaines suivantes pour rejoindre la France. Ces personnes avaient préparé leur départ et attendaient un appel du consulat de Jérusalem.

« Nous sommes absolument consternés par la punition collective qui leur est infligée. Le cas d’une personne condamne l’intégralité du peuple palestinien, qui se retrouve sans ambages présumé coupable d’antisémitisme. »

Lyne Haigar, avocate

Bilal se retrouve également dans l’obligation de se défendre : « Je rejette fermement ce que cette étudiante a publié ainsi que les idées qu’elle diffusait. Elle doit assumer seule les conséquences de ses actes », a-t-il déclaré, en ajoutant que cela ne doit pas impacter les autres qui tentent de s’échapper pour construire un futur.

Pour poursuivre ses études, Bilal a fait tout ce qu’il fallait : il a soumis son CV, ses relevés de notes, ses diplômes et ses lettres de motivation. En raison des circonstances, il a dû apprendre le français de manière autodidacte grâce à des vidéos sur YouTube et à l’application Duolingo, souvent lorsque le réseau internet permettait l’accès et que les bombardements s’étaient calmés.

La panique a également gagné les Gazaouis établis en France. Avec l’annonce de contrôles supplémentaires, l’inquiétude grandit. Une source diplomatique a révélé que le ministère des Affaires étrangères réexaminera les dossiers de 600 personnes accueillies depuis octobre 2023. Beaucoup craignent que leurs précédents messages sur les réseaux sociaux soient analysés dans des vérifications minutieuses.

« J’ai décidé de faire le mort et de ne rien poster nulle part en attendant. C’est terrible, car je n’ai rien à me reprocher ! Je deviens parano. »

Un Gazaoui installé en France

Les Gazaouis expriment tous une peur commune. Lyne Haigar a confirmé que ceux dont les profils sont déjà examinés à leur sortie de Gaza doivent maintenant faire face à cette nouvelle vague d’inspections. Les détails de ces vérifications restent flous pour le moment, et des voix au sein du gouvernement espèrent que cela ne conduira pas à un véritable blocage.

Face à cette incertitude, Bilal a écrit une lettre au gouvernement français, demandant une réévaluation de sa situation. Dans ce message poignant, il évoque son désespoir et son désir de vivre et d’étudier en France, un pays qu’il voit comme un bastion de liberté et de droits humains. Il implore les autorités : « S’il vous plaît, ne laissez pas notre espoir mourir ici. »

*Le prénom a été modifié à la demande de l’interlocuteur.

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