Les maires français prêts à se représenter malgré de nombreux défis
Fatigués mais résolus, près de 6 maires sur 10 envisagent de se représenter aux élections de 2026, malgré les crises successives depuis 2020. Cette information provient d’une enquête publiée le 14 novembre, réalisée pour l’Association des Maires de France par le laboratoire Cevipof de Sciences Po, rapporte TopTribune.
En comparaison avec octobre 2019, où seulement 49 % des maires souhaitaient renouveler leur mandat, ce chiffre a désormais atteint 58 %, illustrant une résilience face aux impacts de la crise sanitaire, de la guerre en Ukraine et des tensions inflationnistes, ainsi qu’à une instabilité politique nationale croissante.
Pas de « crise de vocation » ?
« Le volontarisme a souvent pris le pas sur la résignation », note l’étude, signalant que l’envie d’agir demeure forte malgré la fatigue ressentie par les élus. Cette enquête a été menée auprès de plus de 3 700 maires de communes de moins de 30 000 habitants.
Martial Foucault, professeur à Sciences-Po et co-auteur de l’étude, commente : « On augmente de presque 10 points, je ne m’attendais pas à ce chiffre. Les maires ont passé le stade des récriminations et, à l’approche des élections, ils se remobilisent. » Il rassure en affirmant qu’il n’y a « pas de crise des vocations », bien que certaines puissent être « empêchées ou difficiles à assumer ».
Le rythme des démissions de maires, supérieur à 400 par an, est le plus élevé jamais observé durant ce mandat. Concernant les conseillers municipaux, les resignations sont évaluées à 1,6 en moyenne par commune, soit un total de 57 000 depuis 2020, un chiffre jugé « peu élevé » par M. Foucault, bien qu’il note un absentéisme régulier dans 60 % des communes concernées.
Principales motivations des maires
Les désaccords au sein des conseils municipaux constituent un facteur de crise notable, fragilisant la cohésion des équipes municipales. Un tiers des maires font face à une « opposition structurée », dont 58 % estiment qu’elle « joue un rôle négatif ».
Lorsque les conseils municipaux sont perçus comme « pacifiques », 62 % des élus souhaitent se représenter, contre seulement 46 % dans des conseils jugés « agressifs ». Cependant, seulement 8 % des maires décrivent leurs séances de conseil comme « agressives ». La volonté de poursuivre des projets engagés pour la commune (79 %) et de servir l’intérêt général (78 %) sont les deux principales raisons invoquées pour se représenter.
Un besoin de temps personnel
Les élus qui choisissent de ne pas se représenter mettent en avant la nécessité de retrouver du temps pour leur vie personnelle (79 %). L’âge influence également cette décision, avec 73 % des moins de 35 ans prêts à renouveler leur mandat contre seulement 30 % des plus de 75 ans.
Le maire de La Chapelle d’Aligné, Philippe Deslandes, élu depuis 2008, a exprimé son intention de ne pas se représenter : « J’ai encore plein de choses à faire… J’ai été agriculteur pendant 40 ans et je n’ai quasi-pas arrêté. Et là… c’est chronophage. Je veux avoir le temps de faire autre chose, et c’est maintenant. »
Augmentation des incivilités
La satisfaction dans la vie personnelle est un facteur qui favorise l’engagement, tandis que les maires de village semblent plus enclins à abandonner. Depuis 2020, les violences contre les élus ont initialement augmenté avant de se stabiliser légèrement après la mi-mandat. Actuellement, 65 % des maires déclarent avoir été victimes d’incivilités, une hausse de 12 points par rapport à 2020.
En outre, 36 % des maires ont subi des injures et insultes (+7 points), tandis que 28 % ont été attaqués ou menacés sur les réseaux sociaux (+8 points) et 8 % ont signalé des agressions physiques (+3 points).
L’enquête a été réalisée en ligne du 1er au 29 octobre.