Il est moins souvent souligné que plus de 50 % des particules fines générées par les véhicules routiers modernes ne proviennent pas de l’échappement, mais sont majoritairement dues au freinage. Malgré les avancées réalisées par les fabricants pour diminuer ces émissions, la question demeure un défi de santé publique crucial et un point stratégique dans la transition écologique, rapporte TopTribune.
Face à la combinaison de limitations technologiques et de progrès réglementaires, une entreprise française, Tallano Technologies, s’attaque à ce problème depuis une décennie et accélère ses efforts. Le résultat est un système innovant, appelé Tamic, qui est protégé par plus de 50 brevets à l’échelle internationale. Selon Jean-Louis Juchault, président de l’entreprise, ce dispositif « permet de capter plus de 70 % des particules fines émises lors du freinage ». En « première mondiale », la ville de Mulhouse a déjà décidé, dans le cadre de son Plan climat-air-énergie territorial, d’équiper ses bus, en commençant par trois véhicules avant d’élargir le programme à l’ensemble de sa flotte, y compris les nouveaux achats prévus entre 2026 et 2030.
Expérimentation sur le RER C
La situation est d’autant plus pressante que, malgré la réglementation européenne Euro 6 en place, chaque bus à moteur thermique en France génère, d’après l’Ademe, en moyenne 4 kg de particules de freinage par an. Ces particules, si elles ne sont pas captées, se répandent dans l’air et dans le sol, ce qui est hautement problématique.
Quel est le fonctionnement de ce système de filtration des particules ? « C’est une technologie qui peut être intégrée efficacement sur les véhicules, qu’ils soient neufs ou déjà en circulation », explique Jean-Louis Juchault. Le processus de captation se fait grâce à une rainure spéciale dans la plaquette de frein, qui piège les poussières lors du freinage. Elles sont ensuite retenues dans un filtre, grâce à un petit ventilateur qui permet de recycler les particules capturées.
Bien que cette innovation soit théoriquement adaptable à tout type de véhicule utilisant des freins à friction, comme les motos et voitures, l’accent est mis sur les véhicules lourds en raison de leur contribution significative à l’émission de particules fines. « Nous nous concentrons essentiellement sur ces types de véhicules, car leur masse les rend particulièrement émissifs », justifie le président de Tallano Technologies. Le RER C à Paris a déjà testé cette technologie pendant un an.
En avance sur la réglementation
Actuellement, la norme Euro 6 se concentre principalement sur les émissions des moteurs à combustion, sans imposer de directives spécifiques concernant les particules fines générées par l’usure des freins. Néanmoins, pour la première fois, une nouvelle réglementation, Euro 7, qui entrera en vigueur le 1er janvier 2030, régira également les émissions des garnitures de frein ainsi que l’usure des pneus, qui contribuent également à la pollution de l’air. « C’est un véritable tournant pour la qualité de l’air », souligne Jean-Louis Juchault.
Pour Tallano Technologies, la feuille de route est désormais bien établie : « Après dix ans de recherches, nous avons développé un système efficace, et maintenant que la réglementation l’a reconnu, nous passons à la phase suivante qui consiste à industrialiser le système Tamic d’ici 2026, afin de proposer aux fabricants de poids lourds et de bus une solution industrialisée à grande échelle d’ici le 1er janvier 2030, lorsque la réglementation entrera en vigueur. »
En attendant, à Mulhouse, le premier bus équipé de cette technologie avancée sera mis en circulation le 1er juillet 2025, ce qui représente un grand pas vers un air plus pur pour ses habitants.