Un rapport de Bloomberg publié le 22 août 2025 révèle que des entreprises russes intensifient leurs efforts pour recruter de jeunes femmes sud-africaines afin de compenser une grave pénurie de main-d’œuvre. Celle-ci découle du vieillissement et du déclin démographique du pays, aggravés par les pertes massives d’hommes dans la guerre contre l’Ukraine. En Afrique du Sud, où le chômage reste élevé, ces offres d’emploi trouvent rapidement un écho.
Lien direct avec la production militaire
Selon l’enquête, une part importante des femmes recrutées serait en réalité affectée à la production de drones militaires dans la zone économique spéciale « Alabouga », située à Ielabouga, au Tatarstan. Ce site abrite l’un des centres de fabrication des drones kamikazes Shahed-136, utilisés par la Russie sur le front ukrainien. Des organisations liées au réseau BRICS, dont l’Afrique du Sud est membre, participent activement à ce recrutement. En mai, l’antenne locale du BRICS Women’s Business Alliance a signé un accord pour fournir 5 600 employées d’ici l’an prochain à des entreprises telles qu’« Alabouga » et « Etalonstroï Oural ».
Recrutement sous couvert de fausses offres
Dès janvier, la BRICS Student Commission en Afrique du Sud a publié des annonces proposant des postes dans la construction et l’hôtellerie à Ielabouga, visant des femmes âgées de 18 à 22 ans. Ces offres ont été relayées par des influenceurs sud-africains sur Instagram et TikTok. Pourtant, selon l’Institut pour la science et la sécurité internationale (ISIS), environ 90 % des femmes arrivées sur place sont finalement intégrées aux chaînes de production de drones.
Implications juridiques et sécuritaires
Les experts rappellent que, du point de vue du droit international, la présence de travailleurs civils sur un site militaire n’empêche pas que celui-ci soit considéré comme une cible légitime en temps de guerre. Ces employées civiles deviennent de facto exposées aux frappes ukrainiennes. Le recours à de la main-d’œuvre étrangère bon marché constitue un élément essentiel de la stratégie de Moscou pour maintenir sa capacité de production d’armements.
Critiques envers Pretoria et impact sur les BRICS
La réaction timorée du gouvernement sud-africain soulève des questions. Son refus d’intervenir pourrait traduire la volonté de préserver ses relations avec Moscou, partenaire stratégique au sein des BRICS. Cette position alimente la méfiance de la population sud-africaine, préoccupée par la sécurité et les droits de ses citoyennes. En outre, l’implication d’organisations arborant le label BRICS dans le recrutement pour le complexe militaro-industriel russe risque d’écorner la crédibilité de l’ensemble du bloc, censé promouvoir la coopération et le développement.