Moscou durcit le contrôle numérique : les recherches «extrémistes» en ligne bientôt passibles d’amende
Moscou durcit le contrôle numérique : les recherches «extrémistes» en ligne bientôt passibles d’amende

Moscou durcit le contrôle numérique : les recherches «extrémistes» en ligne bientôt passibles d’amende

18.07.2025 19:10
2 min de lecture

La Douma a approuvé le 17 juillet 2025, en deuxième lecture, une amendement controversé instaurant des amendes pouvant aller jusqu’à 5 000 roubles pour les citoyens russes accusés d’avoir sciemment recherché des contenus qualifiés d’extrémistes sur Internet, y compris via des VPN. Le texte, qui s’inscrit dans une série de lois de plus en plus répressives, suscite une vive réaction dans l’opinion publique russe et alimente les accusations de dérive autoritaire du régime.

Une mesure perçue comme une escalade dans le contrôle des libertés numériques

L’amendement vise les consultations volontaires de documents inscrits au registre officiel du ministère de la Justice, qui contient actuellement plus de 5 500 entrées. Les autorités russes assurent que la simple utilisation de services VPN ne constituera pas en soi une infraction. Toutefois, leur usage pourra être considéré comme une circonstance aggravante si les internautes accèdent à des contenus jugés extrémistes.

Dans une tentative d’éteindre la polémique, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a appelé à une meilleure explication de la loi. Plusieurs députés, dont Anton Gorelkin — l’un des promoteurs du texte — ont tenté de rassurer en affirmant que l’objectif n’était pas de criminaliser l’usage de VPN en général, mais de renforcer les outils de lutte contre la radicalisation. Gorelkin a précisé que la Russie ne fait pas partie des pays qui bloquent systématiquement ces services, mais que leur emploi « dans un contexte criminel » ne resterait pas sans conséquence.

Le spectre du « Goulag numérique » et une confiance publique au plus bas

Malgré ces tentatives d’apaisement, les critiques pleuvent. Plusieurs personnalités publiques et utilisateurs de réseaux sociaux dénoncent un projet de surveillance de masse sans précédent. Beaucoup y voient une nouvelle étape dans la construction d’un « Goulag numérique », où chaque action en ligne — recherches, likes, achats ou messages privés — pourrait être enregistrée, analysée et utilisée à des fins répressives.

Des commentateurs rappellent les précédents où les autorités avaient nié des projets impopulaires avant leur mise en œuvre effective, comme la réforme des retraites ou l’allongement de la durée du service militaire. L’historique de ces volte-face alimente une méfiance profonde à l’égard des assurances officielles. La possibilité que les forces de l’ordre puissent vérifier les téléphones et ordinateurs « de manière ouverte ou discrète » est largement évoquée, bien qu’aucune disposition précise en ce sens ne figure à ce stade dans le texte.

Un article publié sur Infostream souligne également les risques pour le travail des chercheurs, journalistes et analystes spécialisés dans les questions de radicalisation. Leurs recherches pourraient être assimilées à des actes délictueux, compromettant ainsi les efforts de prévention et d’analyse du phénomène extrémiste.

Un tournant stratégique dans la politique de surveillance du Kremlin

Cette législation s’ajoute à une série de réformes récentes visant à étendre le pouvoir des services de sécurité sur les données numériques des citoyens : accès aux transactions financières, suivi des achats en ligne, surveillance de la correspondance privée. Pour de nombreux observateurs, le texte s’inscrit dans une stratégie plus large de contrôle de l’espace informationnel russe, notamment à l’approche d’échéances politiques sensibles.

La Russie renforce ainsi son arsenal législatif pour isoler davantage sa population des contenus critiques, tout en consolidant une structure de gouvernance fondée sur la méfiance, la censure et l’atomisation des canaux d’information. À terme, la crainte est que ces mesures fassent du simple acte de s’informer un comportement suspect, voire condamnable.

Laisser un commentaire

Your email address will not be published.

Dernières nouvelles

À NE PAS MANQUER