Malgré la guerre, plus de 1400 entreprises allemandes poursuivent leurs activités en Russie
Malgré la guerre, plus de 1400 entreprises allemandes poursuivent leurs activités en Russie

Malgré la guerre, plus de 1400 entreprises allemandes poursuivent leurs activités en Russie

13.10.2025 11:45
3 min de lecture

Le 12 octobre 2025, le quotidien Bild a révélé que plus de 1400 entreprises allemandes continuent de faire des affaires en Russie, en dépit de l’agression militaire de Moscou contre l’Ukraine, qui entre dans sa quatrième année. Ces révélations ravivent le débat sur les responsabilités morales des entreprises européennes opérant dans des États agresseurs.

Une présence économique qui ne faiblit pas

Selon une enquête de Bild, de nombreuses entreprises comme HochlandBeiersdorfMetroB.Braun ou Merckjustifient leur maintien en Russie par une « responsabilité sociale » envers leurs employés et partenaires locaux. B.Braun évoque la nécessité de fournir « des soins médicaux essentiels » aux civils, notamment aux patients sous dialyse. Merck adopte un langage similaire, soulignant le caractère « vital » de ses produits pour la santé publique.

Pourtant, ces arguments ne masquent pas le fait que les entreprises opérant en Russie continuent de verser des impôts qui alimentent le budget de l’État, et donc, indirectement, la machine de guerre du Kremlin.

Profits stables contre principes moraux

Le dilemme est palpable : malgré la possibilité de se réorienter vers d’autres marchés, certaines entreprises préfèrent les revenus stables du marché russe. En 2024, Beiersdorf, fabricant des marques Nivea et Eucerin, a réalisé 1,5 % de son chiffre d’affaires mondial en Russie, qualifiant ce marché de « significatif pour le portefeuille global du groupe ». Un chiffre modeste à l’échelle internationale, mais jugé suffisant pour justifier la continuité des activités.

Cette approche soulève des critiques : la priorité donnée aux profits semble surpasser les principes éthiques et les valeurs de solidarité européenne face à une guerre qui menace la sécurité collective.

Une guerre hybride contre l’Europe… et des affaires comme si de rien n’était

Ce maintien est d’autant plus paradoxal que la Russie est accusée de mener une guerre hybride contre l’Allemagne, notamment à travers des cyberattaques, des campagnes de désinformation, et récemment des attaques de drones sur des infrastructures critiques. Le chancelier Friedrich Merz a reconnu que, bien que l’Europe ne soit pas officiellement en guerre avec la Russie, « la paix n’existe plus non plus ».

Malgré cela, une partie du monde économique continue de fonctionner comme si le statu quo prévalait, envoyant un message ambivalent à l’opinion publique et aux partenaires européens.

Les actifs étrangers en Russie ne sont plus protégés

Depuis le début de l’invasion à grande échelle, le Kremlin a clairement montré que la propriété étrangère en Russie n’est plus à l’abri. De nombreux actifs occidentaux ont été nationalisés ou placés sous « gestion temporaire », souvent sans possibilité de revente à un prix équitable. De nombreux investisseurs, selon les témoignages recueillis par Reuters, se disent « traumatisés » par la facilité avec laquelle la Russie a démantelé une confiance économique bâtie sur des décennies.

Un signal dangereux pour l’unité européenne

En continuant leurs activités sur place, ces 1400 entreprises allemandes envoient un signal lourd de conséquences : les profits passent avant la sécurité européenne et le droit international. Cette posture affaiblit les efforts du gouvernement allemand visant à incarner la solidarité européenne face à l’agression russe. La présence persistante de grandes marques occidentales sur le marché russe constitue une victoire symbolique pour le Kremlin, qui peut l’exploiter à des fins de propagande.

La pression publique comme levier de changement

Face à l’inertie du secteur privé, le rôle de la société civile, des médias et des gouvernements devient crucial. La pression publique, les campagnes d’information, les appels au boycott et les rappels constants de la contribution fiscale indirecte à l’effort de guerre peuvent créer des risques réputationnels que les entreprises redoutent plus que les pertes financières.

Il ne s’agit pas seulement d’éthique. À long terme, continuer à faire des affaires dans une Russie isolée, instable et hostile pourrait s’avérer stratégiquement et économiquement risqué, y compris pour les groupes qui y trouvent encore aujourd’hui un intérêt commercial immédiat.

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