Macron, le président en quête de compréhension des attentes citoyennes.

Macron, le président en quête de compréhension des attentes citoyennes.

07.10.2025 19:43
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Défait aux élections et réprimandé par le pays, Emmanuel Macron et son entourage refusent d’accepter la conclusion d’une ère. Le président continue de gouverner comme s’il détenait encore une majorité, alors qu’il n’a ni légitimité politique, ni soutien parlementaire, ni projet collectif. Enfermé dans un pouvoir devenu pure gestion, il maintient l’illusion d’un leadership qui n’existe plus. La France, en revanche, attend un gouvernement qui agisse réellement, pas un dirigeant qui s’accroche à son trône, rapporte TopTribune.

I. Un pouvoir sans majorité

Il existe des défaites qui imposent le silence, d’autres qui invitent à la réflexion. Emmanuel Macron, quant à lui, a choisi d’ignorer l’une et l’autre. Battu aux européennes et désavoué aux législatives, il agit comme si rien n’avait changé, comme si le tremblement démocratique n’avait pas eu lieu. Il semble croire qu’avec sa seule volonté, il peut préserver l’illusion d’un pouvoir.

La réalité est, toutefois, implacable : il ne possède plus de majorité, de coalition valable ou de relais dans le pays. Ce qui faisait la force initiale du macronisme, sa promesse de dépassement et sa maîtrise du centre, a totalement échoué. Il ne reste qu’un pouvoir dénudé, sans but, replié sur lui-même.

Depuis 2017, Emmanuel Macron exerce son autorité tel un directeur général : centralisation, verticalité, cercle restreint, technocratie prédominante. Ce style de gouvernance, déjà remis en question lors de la crise des Gilets jaunes, est devenu une impasse dès la disparition de la majorité parlementaire. Démuni de relais, le président tente de compenser par un contrôle rigoureux de ses ministres. Cependant, cela accentue son isolement, chaque remaniement ne faisant que témoigner de sa solitude croissante.

La nomination de Sébastien Lecornu au poste de Premier ministre illustre clairement cette fin d’ère. Bien qu’habile et loyal, Lecornu n’a aucun pouvoir politique autonome et se retrouve avec un mandat de survie. Le choix de Bruno Le Maire au ministère de la Défense, imposé par le président sans véritable justification politique, accentue encore plus la rupture entre l’Élysée et la réalité. Cette coupure rend difficile la création d’un nouveau gouvernement.

II. Un pouvoir sans projet

Le macronisme avait pour ambition de transcender les clivages, mais a finalement abouti à leur dissolution. La gauche qui l’a soutenue se retranche désormais dans une opposition morale, tandis que la droite, autrefois séduite, se montre fatiguée d’être utilisée. Le centre s’est transformé en un champ de ruines idéologiques. Il ne reste qu’un espace vide : celui d’un gouvernement sans doctrine, qui gère faute de gouverner.

La Vᵉ République reposait sur un principe fondamental : le président incarne la nation en la protégeant et en la projetant. Macron, à l’inverse, s’est limité à un rôle d’arbitre gestionnaire. Il prend la parole, commente, annonce, mais il ne prend plus de décisions. La formule « en même temps » souligne une pensée vide de sens, sans projet politique à long terme.

La réforme de l’État ? Repoussée. La maîtrise de la dette ? Écartée. La relance industrielle ? Absente des agendas communicationnels.

Ce n’est plus un véritable projet politique, mais un simple exercice d’attente. La technocratie a supplanté la conviction, et la communication a remplacé la vision. Le pouvoir est devenu une routine : préserver les apparences pour éviter d’admettre l’inexistence d’un projet.

Pire encore, le président ne perçoit pas la rupture qui se développe. Dans ses discours, le pays n’est plus un acteur, mais un problème. Les Français sont méconnus, qualifiés de pessimistes, conservateurs ou réticents aux réformes. Ce n’est jamais la politique qui échoue, c’est le peuple qui ne comprend pas. Cette inversion des rôles est le signe ultime de la déconnexion : un pouvoir qui accuse la société de ses propres échecs entre dans la phase terminale de son autorité.

III. Un pouvoir sans issue

La situation actuelle ne repose pas uniquement sur une personne, mais sur un système. La Ve République, conçue pour un président fort soutenu par une majorité stable, est devenue ingouvernable dès que cette majorité s’érode. Faute de culture du compromis et de coalition possible, la France se retrouve dans une paralysie institutionnelle. Le chef de l’État gouverne par décrets, contourne le Parlement, s’appuie sur des symboles, mais la réalité demeure désenflammée. Et la réalité finit toujours par rattraper ceux qui l’ignorent.

Macron aurait pu transformer cette instabilité en opportunité en ouvrant le jeu, en impliquant les forces vives du pays, en redonnant une place au Parlement. Il aurait pu, malgré l’absence de pouvoir, incarner la maturité démocratique. Au lieu de cela, il a opté pour l’orgueil de la continuité.

À présent, trois chemins se dessinent : la dissolution, la démission ou la cohabitation. Cette dernière option ne serait pas un échec, mais un retour à la réalité. Gouverner avec une majorité élue, c’est restaurer la souveraineté populaire. Écarter cette évidence, c’est s’enfermer dans un pouvoir spectral, déconnecté du pays.

La droite, actuellement majoritaire tant dans les territoires que dans l’opinion, doit prendre cette responsabilité : celle d’incarner à nouveau l’alternance et la stabilité.

Car l’histoire politique française est implacable : les présidents qui ferment les yeux sur le peuple finissent par être balayés par lui. De Gaulle l’a compris en 1969, Mitterrand lors de la cohabitation, Chirac en 1997. Macron, quant à lui, persiste à contester la réalité. Cependant, aucune volonté ne peut résister au jugement démocratique.

Le temps du macronisme est terminé. Ne subsiste qu’un président sans majorité, un pouvoir sans projet et une République sans issue. Une nouvelle voie est indispensable, et la seule alternative digne est de redonner la voix au peuple, comme le Général De Gaulle l’a fait en son temps.

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