Macron et la République des renoncements

Macron et la République des renoncements

16.10.2025 11:03
4 min de lecture

On avait placé des espoirs sur un réformateur. Un président moderne aux idées libérales, promettant prospérité et efficacité. Emmanuel Macron devait incarner le retour en force de la France, un dirigeant engagé en faveur de la responsabilité et du travail. Il représentait une vision d’un État allégé, une économie dynamique, une société réconciliée avec la réussite. Pourtant, huit ans plus tard, ces promesses semblent s’être évaporées. La France est tombée dans un renoncement généralisé. Le macronisme, qui avait débuté comme un mouvement plein d’enthousiasme, a glissé vers l’immobilisme, du courage à l’appréhension, rapporte TopTribune.

1. Un président du réformisme devenu gardien du statu quo

Il est essentiel de se rappeler l’élan qui a marqué l’année 2017. Emmanuel Macron a su persuader de nombreux Français qu’il était possible d’échapper à la paralysie politique et à la démagogie budgétaire. Des réformes telles que la flat tax, la transformation du marché du travail, la baisse de la fiscalité pour le capital, et les mesures audacieuses sur les retraites ont envoyé des signaux positifs à ceux qui croient à l’effort en tant que valeur. Les résultats ne se sont pas fait attendre : le chômage a diminué, la croissance a été relancée et les investissements ont afflué. Pendant un certain temps, la France semblait renouer avec le succès économique. Toutefois, cela s’est accompagné d’un abandon des enjeux sociétaux, laissant des fractures culturelles et territoriales non résolues. Puis, un tournant décisif est survenu. L’élan réformateur a cédé la place à la peur. L’homme du courage a cédé son rôle à un président préoccupé par la conservation du pouvoir. Le gouvernement sous la direction de Lecornu semble transformer un projet libérateur en une simple survie. Macron cesse de gouverner véritablement et se contente de maintenir la situation.

2. Lecornu ou le gouvernement de la peur

Le choix de Sébastien Lecornu ne doit pas être sous-estimé. Ce n’est pas un choix basé sur une vision économique, mais plutôt sur la volonté de conserver le pouvoir. Macron refuse de s’effacer ou d’aborder des élections anticipées ; il aspire à perdurer, quelle qu’en soit la coût. Lecornu représente cette stratégie : loyal, discret, et sans ambition apparente. Un bon soldat qui ne risque pas d’éclipser le chef et qui maintiendra la situation jusqu’à la fin du mandat. Mais à quel prix ? Sous son administration, beaucoup des initiatives prises au nom de la réforme sont progressivement démantelées. L’orientation libérale s’évanouit, la dépense publique reprend son ascension, les taxes s’accumulent, et les réformes sont remises en question au nom d’une stabilité trompeuse. Ce gouvernement manque de véritable direction. Il ne se positionne ni à gauche, ni à droite, ni même au centre. Il œuvre simplement à la préservation d’un pouvoir en déliquescence, sacrifiant la cohérence économique, les engagements pris, et l’idée même de réforme. Lecornu incarne davantage une politique de peur que de véritable gouvernance.

3. La République des reniements

Ce qui s’écroule aujourd’hui ne touche pas simplement un programme, mais une promesse éthique. La promesse d’un président qui se voyait comme un réformateur audacieux et lucide, capable de réconcilier efficacité et justice. En réalité, le macronisme a glissé vers son inverse : une République basée sur un équilibre précaire, un compromis mou et un renoncement perpétuel. On impose des taxes pour l’égalité, on dépense pour maintenir la paix sociale, et on subventionne au nom du consensus. L’État ne réforme plus ; il redistribue pour garantir un semblant de paix. Les réformes libérales sont devenues des sujets tabous, le courage politique s’est évaporé, et l’on gouverne désormais avec la crainte d’une réaction populaire. Le résultat est austère : une économie en baisse de confiance, des entrepreneurs désillusionnés, des classes moyennes opprimées, et un État devenu obèse et inopérant. Ce qui devait être un libéralisme dynamique s’est transformé en un socialisme résiduel marqué par des compromis permanents.

4. Le pouvoir avant les principes

Macron ne souhaite plus réformer ; son objectif est de conserver son poste. Il ne cherche plus à convaincre, mais simplement à prolonger son mandat. Son horizon n’est plus de redresser le pays, mais de protéger son pouvoir. Cela constitue une pathologie récurrente de la Ve République : le besoin de survie du dirigeant finit presque toujours par anéantir toute logique de réforme. Lecornu est devenu son instrument dans cette quête. Il dirige la France comme on gérerait un règne en fin de cycle : avec précaution, lassitude et crainte. Les valeurs fondamentales du macronisme, telles que l’efficacité, le courage et la responsabilité, sont désormais reléguées au second plan, au profit d’une approche politique avare de risques. Le macronisme n’est plus synonyme d’espoir ou même de déception, mais d’un déni, celui d’un pouvoir désabusé qui refuse d’admettre qu’il ne croit plus en son propre projet.

5. Le crépuscule du réformisme

Ce qui persiste du macronisme, c’est davantage un cadavre administratif qu’une vision réformatrice. La France est revenue à la case départ : impôts, dépenses, bureaucratie, immobilisme. Tout ce contre quoi Macron prétendait lutter prospère sous son mandat. Le président censé être le champion de la réforme est devenu le gardien d’un ordre sclérosé. Ce glissement non seulement nuit à la crédibilité du pouvoir, mais entrave également l’idée même de réforme en France. La République des reniements est maintenant une réalité : un système où l’on promet le changement pour mieux le fuir, où l’on évoque la liberté tout en renforçant la dépendance, et où l’on se dit moderne tout en régénérant de vieux réflexes de dépenses publiques. Emmanuel Macron avait promis une révolution pragmatique, mais il a finalement offert une revanche du conformisme.

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