Emmanuel Macron a réuni mardi à l’Élysée environ 200 experts pour discuter des menaces posées par Internet et les réseaux sociaux sur la démocratie et les élections. L’objectif est de proposer des solutions d’ici la fin de l’année, rapporte TopTribune.
Le président a exhorté les participants, composés de chercheurs, d’entrepreneurs et de représentants d’associations, à « lancer le travail de résistance », à « créer une petite plateforme d’action » et à « bâtir un projet d’action commun », en plus des mesures législatives existantes.
Le débat a également porté sur l’impact des écrans sur la santé mentale des enfants, une problématique que Macron a déjà soulevée à plusieurs reprises ces derniers mois.
Les écrans, nouveau cheval de bataille
Cette rencontre, qui a duré plus de deux heures, a pris des airs de Conseil national de la Refondation (CNR), une initiative lancée par Macron en 2022 pour rénover le débat démocratique, avec des résultats mitigés jusqu’à présent. Le président, légèrement en retrait sur la scène politique intérieure depuis la dissolution manquée de 2024, envisage de faire des effets néfastes des écrans et des réseaux sociaux un axe central de son action avant les élections municipales de 2026 et la présidentielle de 2027.
Les interventions ont porté sur les algorithmes des plateformes, qui captent l’attention des utilisateurs pour des raisons idéologiques ou publicitaires, générant ainsi d’énormes intérêts financiers.
Les trolls et les bots « faussent la perception des utilisateurs »
Hugo Micheron, expert en ingérences islamistes sur les réseaux sociaux, a souligné que « ce qui se joue avec les algorithmes, c’est l’émergence d’un nouveau pouvoir » qui, à côté des institutions exécutives, législatives et judiciaires, « n’a pas encore de contrepouvoirs ». Il a appelé à la création de « contre-algorithmes de supervision » pour y faire face.
David Colon, historien de la propagande, a ajouté que « dans le monde numérique, le marché des idées est entre les mains d’un petit nombre de grandes entreprises américaines, chinoises et russes qui défendent leurs propres intérêts ». Il a cité des exemples d’interférence, affirmant que « le Kremlin a été le premier client de Facebook pour influencer les élections en Moldavie ». Les trolls et les bots, a-t-il dit, « faussent la perception » des utilisateurs et peuvent « tromper les algorithmes, amplifiant ainsi leurs effets ».
Colon a suggéré la création de réseaux sociaux « d’intérêt public », basés sur des « algorithmes transparents » plutôt que sur un modèle publicitaire « prédateur ». Axel Dauchez, fondateur de la plateforme participative Make.org, a recommandé d’instaurer des « périodes de réserve sur les réseaux sociaux » avant les élections, similaires à celles appliquées aux médias traditionnels.
En conclusion, Emmanuel Macron a affirmé : « On est en train de perdre notre indépendance émotionnelle et cognitive », avant de proposer de nouvelles rencontres d’ici la fin décembre.