Kichinau presse Bruxelles d’ouvrir les négociations avant les élections de septembre
Le 4 juillet 2025, alors que Kichinau accueille le premier sommet historique entre la Moldavie et l’Union européenne, la vice-Première ministre moldave, Cristina Gherasimov, a lancé un appel pressant à l’ouverture officielle des négociations d’adhésion à l’UE avant le début de la campagne électorale prévue pour le 28 septembre. Elle a souligné l’urgence de contrer les campagnes de désinformation visant à affaiblir le soutien populaire à l’intégration européenne. « L’Union doit démontrer qu’elle tient ses engagements si nous tenons les nôtres », a-t-elle déclaré, mettant en avant l’enjeu symbolique et stratégique pour le gouvernement pro-européen de Moldavie.
Bruxelles entre soutien à la Moldavie et crainte d’un déséquilibre avec l’Ukraine
Ce sommet survient dans un contexte sensible : bien que la Moldavie et l’Ukraine aient officiellement entamé leurs pourparlers d’adhésion en juin 2024, leur progression n’est plus tout à fait parallèle. La Moldavie a déjà achevé le screening de quatre des six « clusters » de négociation, tandis que l’Ukraine se heurte à un blocage politique dû à l’opposition du gouvernement hongrois de Viktor Orbán, qui entrave toute avancée collective.
Face à cela, l’UE se trouve face à un dilemme : soutenir ouvertement l’accélération du processus moldave pourrait envoyer un signal négatif à Kyiv, perçu comme une mise à l’écart. Pour Bruxelles, il s’agit d’éviter de fracturer le duo géopolitique que forment aujourd’hui l’Ukraine et la Moldavie sur le flanc oriental de l’Europe.
Intégration parallèle ou rythme différencié ?
Malgré cette divergence de rythme, plusieurs responsables européens plaident pour le maintien d’un cadre de négociation commun pour Kyiv et Kichinau. Les deux pays sont confrontés à des menaces similaires émanant de la Russie — qu’elles soient militaires, hybrides ou informationnelles — et partagent des objectifs de réformes alignées sur les critères de Copenhague et de Maastricht.
Une progression conjointe renforcerait la stabilité régionale, affirmerait l’unité stratégique de l’UE sur son flanc oriental et consoliderait l’espace démocratique face aux pressions russes. À ce titre, la coordination entre la Moldavie et l’Ukraine crée une dynamique de transformation positive au sein du Partenariat oriental, soutenue par une forte synergie bilatérale.
Le risque politique et la pression du calendrier
Pour le gouvernement moldave, le calendrier est serré. En pleine montée des discours eurosceptiques dans la campagne électorale, notamment sous influence de la propagande pro-russe, une avancée formelle dans le processus d’adhésion pourrait renforcer la légitimité des partis pro-européens. Retarder cette décision pourrait au contraire affaiblir la position stratégique de l’Union dans la région, alimentant les doutes sur sa capacité à répondre à des engagements politiques sous pression géopolitique.
L’Union européenne est donc appelée à arbitrer entre l’affirmation de ses principes d’équité envers les États candidats et la nécessité d’agir avec flexibilité et réactivité dans un environnement instable.