Avant le sommet sur l’Ukraine de Munich à la fin de la semaine, l’Europe s’organise, comme au Parlement européen mardi, ou à Paris pour une réunion de quelques ministres des Affaires étrangères européens mercredi soir.
Sur l’Ukraine, les Européens tentent de resserrer leurs rangs, à l’approche du troisième anniversaire du déclenchement par la Russie de sa guerre d’agression. Plusieurs ministres européens des Affaires étrangères se réunissent à Paris, mercredi 12 février, afin notamment de préparer la conférence de Munich, qui doit se tenir vendredi en présence du vice-président américain, J.D. Vance. En attendant d’en savoir plus sur les projets de l’administration Trump en Ukraine, l’UE réexprime son soutien « sans faille » à l’Ukraine, notamment à Strasbourg, où le Parlement européen se réunit en session plénière cette semaine, et mercredi soir à Paris.
Mardi, le président du Parlement ukrainien a été salué par les eurodéputés, debouts pour l’applaudir. Et il a semblé particulièrement apprécier les mots de bienvenue prononcés par Roberta Metsola, la présidente du Parlement européen : « Nous continuerons à pousser en faveur de la paix, mais la paix doit être juste, elle doit se fonder sur un principe simple : rien ne doit être décidé pour l’Ukraine sans l’Ukraine, et pour cela l’Ukraine doit être en position de force. »
Ce soutien est d’autant plus crucial, selon l’eurodéputée écologiste Marie Toussaint, que Donald Trump semble vouloir négocier une paix qui serve surtout les intérêts des États-Unis. « Il l’a dit très clairement : soit l’Ukraine cède et vend des centaines de milliards (de dollars) de terres rares aux entreprises américaines, soit il soutiendra Vladimir Poutine, explique la députée européenne. Donc, dans ce contexte-là, l’Union européenne doit plus que jamais tenir. »
Tenir mais à quel prix ? L’extrême droite hongroise, réputée proche de Vladimir Poutine, soulève, par la voix de Csaba Domotor, l’argument financier : « L’Union européenne et ses États membres ont jusque-là soutenu à l’effort de guerre ukrainien, à hauteur de 134 milliards d’euros, c’est trois fois le montant des fonds de développement régional versé sur une année, cela équivaut à 10% du budget de l’Union sur sept ans », rappelle l’eurodéputé hongrois. La Commission européenne réaffirme de son côté son soutien « inébranlable » à l’Ukraine.
Les Européens tentent de s’unir
En format « réduit » autour du ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, les représentants de l’Allemagne, de la Pologne, ce qu’on appelle le format « Weimar », mais aussi de l’Italie, de l’Espagne, du Royaume-Uni et de l’Union européenne, poseront un nouveau jalon pour dire leur soutien à Kiev et affirmer leur stratégie en matière de défense. Car pour eux, assister, impuissants, à un deal négocié, sans eux, par les présidents américain et russe, est sans doute leur pire cauchemar. Un accord de paix américano-russe sacrifierait à la fois la souveraineté ukrainienne et la sécurité des 27 États membres.
Ils veulent rappeler que le désengagement américain ne doit pas se faire sans garanties. Pour que Vladimir Poutine ne puisse pas attaquer à nouveau l’Ukraine, pour que les citoyens polonais, baltes, suédois ou finlandais ne soient pas bientôt obligés soit d’apprendre le russe, soit de « partir en Nouvelle-Zélande », comme l’a dit Mark Rutte, le secrétaire général de l’Otan. Dans les discussions qui s’accélèrent, il est désormais moins question d’une adhésion de l’Ukraine à l’Alliance atlantique, que d’un déploiement de troupes sur le terrain pour faire respecter le cessez-le-feu. Mais, pour l’instant, du côté américain aucun scénario n’est encore arrêté.