Lors de sa candidature en 2016, le Comité olympique français avait insisté sur la nécessité de faire profiter des Jeux à tous les Franciliens, notamment en rénovant des stades et des gymnases vétustes.
Une promesse forte. Au moment de formuler sa candidature à l’organisation des Jeux olympiques et paralympiques, en 2016, le Comité national olympique et sportif français (CNOSF) s’était engagé à ce que les événements profitent à tous les Franciliens, y compris après le dimanche 11 août, une fois la flamme olympique éteinte.
Cette promesse a été reprise par le président Emmanuel Macron, qui, lors d’une visite du village olympique à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), a insisté sur l’« héritage » laissé par les Jeux, notamment dans le département. Gymnases, stade, nouvelle piscine, village… Après deux semaines intenses de compétition, de quelles retombées bénéficieront les Franciliens ? Franceinfo fait le point.
Près de 3 000 nouveaux logements en Seine-Saint-Denis
Le village olympique, livré en février, a permis d’accueillir jusqu’à 14 500 athlètes et membres de leur staff durant les Jeux, selon le Comité d’organisation des Jeux olympiques et paralympiques (Cojop). En 2025, il sera « transformé en quartier » de Saint-Denis, doté de 2 800 nouveaux logements pouvant héberger 6 000 habitants. Deux groupes scolaires et deux crèches vont voir le jour, précise cette source. Seront ajoutés à cela 1 300 appartements, dont 700 ont déjà été livrés, hérités du village médias situé à Dugny.
Parmi ces nouvelles habitations, « 40% seront des logements sociaux », promettait le ministère des Sports fin 2023. Ainsi, à Saint-Ouen et Saint-Denis, il y aura « 25 % de logements sociaux », et « 30% » sur l’île Saint-Denis, détaille auprès de France Culture Marion Le Paul, directrice générale adjointe de la Solideo, qui a livré les ouvrages olympiques.
Des gymnases, des stades et des piscines rénovés en Ile-de-France
Les habitants de Seine-Saint-Denis pourront profiter de deux complexes sportifs flambant neufs. Ils pourront tout d’abord se baigner dans le centre aquatique olympique, qui a accueilli les épreuves de plongeon, de natation artistique et de water-polo pendant la compétition. S’il a coûté plus cher que prévu, cet immense complexe s’avère particulièrement bienvenu dans le département le moins bien doté de France en termes de bassins.
C’est aussi dans cette logique que les organisateurs ont choisi de construire l’Arena de la porte de la Chapelle. Inaugurée en février 2024, cette salle d’une capacité de 9 000 places a reçu les épreuves de badminton et de gymnastique rythmique et a été conçue pour accueillir d’autres événements sportifs et culturels. Les deux gymnases attenants seront quant à eux destinés à tous les habitants du quartier, selon Paris 2024.
Une vingtaine d’équipements ont en outre été rénovés dans l’ensemble de la région Ile-de-France, selon le Cojop. Le plus emblématique est certainement le stade Yves-du-Manoir de Colombes (Hauts-de-Seine), seule infrastructure qui aura eu le privilège d’accueillir deux compétitions olympiques en un siècle. Ses tribunes ont été intégralement rénovées et de nouveaux bâtiments ont vu le jour pour en faire un temple du hockey sur gazon, rapporte France Bleu. Autre symbole : la rénovation du Grand Palais pour accueillir les épreuves d’escrime et de taekwondo. Vieux de plus de cent ans, le bâtiment avait besoin d’un rafraîchissement pour reprendre ses fonctions culturelles après les Jeux. L’événement a par ailleurs été l’occasion de remettre à neuf des piscines et d’y installer de nouveaux bassins, comme c’est par exemple le cas à Sevran.
Une Seine possiblement plus propre
Malgré plusieurs entraînements annulés et le report des épreuves masculines de triathlon, mardi 30 juillet, les athlètes ont finalement plongé dans la Seine. Avant eux, la ministre des Sports Amélie Oudéa-Castéra, puis la maire de Paris Anne Hidalgo, accompagnée du président du Cojop, Tony Estanguet, y ont aussi fait trempette pour annoncer que la baignade dans le fleuve parisien serait ouverte à tous « pendant l’été 2025 », selon la mairie de Paris.
Vieille promesse formulée par Jacques Chirac quand il était maire de Paris, la possibilité de nager dans ce fleuve est devenue un enjeu politique. Cet engagement a nécessité des travaux colossaux engagés par la mairie de Paris, des collectivités territoriales et l’Etat. Coût total de l’opération : 1,4 milliard d’euros, dont 80 millions rien que pour la création d’un bassin de stockage des eaux de pluie pour éviter que celles-ci ne se déversent dans la Seine et la souillent.
Ces ouvrages ont également permis de rénover des conduits et de supprimer des milliers de vieux branchements d’habitation qui rejoignaient directement le fleuve. « Ces travaux auraient de toute façon dû être engagés. Les JO n’ont été qu’un facteur d’accélération. Ils ont permis une optimisation et une mutualisation des coûts », argue Antoine Guillou, adjoint (PS) notamment chargé des questions d’assainissement à la Ville de Paris dans Le Parisien.
Toutefois, rien ne dit que l’objectif d’une baignade en 2025 sera rempli. Sur les 11 plongeons programmés pour les compétitions et les entraînements de triathlon et de nage en eau libre, cinq seulement ont été autorisés par les fédérations sportives internationales (natation et triathlon), selon le décompte de l’AFP. Le reste du temps, l’eau du fleuve ne respectait pas les normes bactériologiques. En cause : une eau polluée à la suite des orages survenus en amont des entraînements et des épreuves. Certaines analyses, publiées par la start-up française Fluidion, spécialisée dans la mesure de la qualité de l’eau, ont aussi montré que les analyses tendaient vers une qualité moyenne.
Une nouvelle ligne de métro et des kilomètres de pistes cyclables en plus
Dans son dossier de candidature de 2016 (document PDF), le CNOSF promettait que quatre lignes de métro seraient créées et que d’autres seraient rénovées et/ou prolongées. Si les lignes 15, 16, 17 et 18 du métro n’ont toujours pas vu le jour, elles devraient être mises en service entre 2025 et fin 2026. Quant à la ligne 14, elle a bien été prolongée, permettant notamment aux visiteurs venus de l’aéroport d’Orly de se déplacer directement au Stade de France à Saint-Denis. La ligne 11 a également été étendue en juin jusqu’à Rosny-Bois-Perrier, en Seine-Saint-Denis, tout comme une partie du RER E, rallongé jusqu’à Nanterre. Initialement prévue jusqu’à Mantes-la-Jolie, cette « mise en service est prévue en 2026 » selon Ile-de-France Mobilités (IDFM). A noter aussi, la création de sept nouvelles stations sur la ligne de tramway 3b, reliant la porte d’Asnières et la porte Dauphine.
Des travaux ont par ailleurs été entrepris pour améliorer l’accessibilité des personnes en situation de handicap. « On partait de loin », a reconnu sur franceinfo le ministre des Transports, Patrice Vergriete. « Il y a eu beaucoup d’efforts qui ont été faits au cours des dernières années pour permettre d’être prêts au moment des Jeux », soulignait-il fin juillet, reconnaissant que de nombreux transports n’étaient pas encore adaptés à tous. A ce jour, seulement 29 stations sont considérées comme entièrement ou partiellement accessibles aux usagers en fauteuil roulant, selon IDFM.
Les Jeux ont aussi prouvé la capacité des transports franciliens à tenir le coup face à l’afflux de touristes accueillis pendant quinze jours. « On a renforcé la présence humaine », ce qui « aide énormément à ce que ça se passe bien », s’est félicité sur France Inter la présidente LR de la région Ile-de-France, Valérie Pécresse. L’élue ajoute que la pérennisation d’une partie des moyens humains engagés pour guider les voyageurs et mieux les répartir dans les wagons serait une piste envisagée dans « l’héritage des Jeux ».
Enfin, un « réseau cyclable olympique » de 400 km a été mis en place pour permettre aux spectateurs de rejoindre à vélo les sites de la compétition. Quelque 367 km de ces pistes doivent être pérennisés, selon la préfecture de région Ile-de-France. Plusieurs milliers de places de stationnement aux abords des sites olympiques resteront également toujours en place après les Jeux.
Et (peut-être) la vasque olympique et d’autres reliques
Que deviendra la vasque olympique, qui rencontre un grand succès depuis son installation dans le jardin des Tuileries ? Le président Emmanuel Macron a déclaré « réfléchir » à la possibilité de la laisser en place, comme le lui a demandé Anne Hidalgo. « C’est une évidence, pour moi, il n’y a même pas de question », a abondé Valérie Pécresse sur France Inter, qui suggère de l’installer à La Villette. « Il va falloir qu’on mette tout le monde d’accord, il faut qu’on la garde. »
La maire de Paris a enfin fait part de sa volonté d’installer les statues des héroïnes féminines de l’histoire de France, surgies de la Seine lors de la cérémonie d’ouverture, dans le quartier de la Porte de la Chapelle. Une idée qui semble séduire le maire (PS) du 18e arrondissement, Eric Lejoindre, qui a précisé auprès de l’AFP que le projet consisterait à installer les statues de Simone de Beauvoir, Simone Veil et consorts « de part et d’autre de la rue de la Chapelle », de la porte du même nom jusqu’à un grand rond-point transformé en place.